Gérer les dispositifs intraveineux de longue durée - L'Infirmière Libérale Magazine n° 278 du 01/02/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 278 du 01/02/2012

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

CONGRÈS→ On pose de plus en plus de voies veineuses centrales en France. Confrontées aux impératifs spécifiques des soins liés à ces dispositifs, les infirmières ont assisté en nombre au 6e Congrès francophone des dispositifs intraveineux de longue durée.

Après la pose chirurgicale d’une voie veineuse centrale de longue durée – c’est-à-dire plus de trois mois – les soins se poursuivent la plupart du temps au domicile du patient perfusé.

Des disparités des techniques de soins

C’est alors qu’interviennent les infirmiers libéraux, comme Benjamin Jouani, coordinateur de dispositif intraveineux de longue durée (DIVLD) au cabinet Vicène-Paris, qui compte 27 infirmiers libéraux, dont treize exclusivement dédiés aux soins des voies veineuses centrales. Lors du 6e Congrès francophone des dispositifs intraveineux de longue durée, les 13 et 14 janvier à Paris, Benjamin Jouani a expliqué avoir été surpris de la disparité des techniques de soins utilisées par ses collègues.

Quelle traçabilité ?

De 2006 à 2010, Benjamin Jouani a donc mené un audit sur les soins prodigués auprès de 109 patients suivis par son cabinet. Avec l’objectif de mieux connaître les besoins et les difficultés rencontrés par les patients sous DIVLD et d’harmoniser les pratiques.

Parmi les éléments qui ont frappé le jeune infirmier, le fait que seuls 6 % des patients soient sortis de l’hôpital avec une fiche de liaison, pourtant obligatoire. Les voies veineuses profondes ne sont pourtant pas exemptes de complications : l’infection – à l’origine de 20 à 50 % des retraits, a rappelé Anne-Marie Rogues, médecin au CHU Pellegrin de Bordeaux – et la thrombose sont les plus fréquentes. Dans ces conditions, la traçabilité constitue un outil essentiel, améliorant la qualité des soins, rapprochant ville et hôpital, attestant des soins dispensés et engageant la responsabilité des soignants. En bref, une véritable “sentinelle des soins”.

Le protocole unique de manipulation

De l’audit mené par Benjamin Jouani, est né un protocole unique de manipulation des voies veineuses centrales, qu’applique désormais toute l’équipe de son cabinet, l’un des plus importants à s’être spécialisé dans les DIVLD. Check-list à remplir à chaque soin, fiche de surveillance pour le débranchement des diffuseurs de chimiothérapie, antiseptiques à utiliser et de quelle manière, fiches de traçabilité… Les outils créés sont nombreux. Synthèse des recommandations de la Haute Autorité de santé, des différents protocoles d’établissements hospitaliers, de services d’hospitalisation à domicile et de réseaux d’oncologie, ce protocole doit permettre de préserver l’objectif “zéro infection” fixé par l’équipe. Le cabinet Vicène-Paris* tient d’ailleurs ces éléments à la disposition des Idels qui souhaiteraient les utiliser.

* Adresse : 268 rue de Charenton, 75012 Paris. Tél. : 01 43 45 67 68.

Des lacunes dans la formation initiale ?

Entre les idées fausses accumulées en stages et les lacunes de l’enseignement, les connaissances des étudiants en soins infirmiers (Esi) en fin de cursus laissent à désirer. Infirmière en réanimation à l’hôpital Beaujon (AP-HP) depuis 2010, Sylvie Boyer a présenté au 6e Congrès francophone des dispositifs intraveineux de longue durée les résultats de son travail de fin d’études, réalisé en 2010 auprès de 212 étudiants de 3e année, issus de plusieurs Ifsi : la méconnaissance des futurs professionnels est patente. Sur le choix de l’aiguille de Huber, par exemple : la préférence des 22G et les indications spécifiques au 19G sont insuffisamment connues, trahissant une confusion entre taille et diamètre. Le bât blesse aussi sur l’antisepsie cutanée : l’utilisation d’un antiseptique alcoolique ne fédère que 57 % des étudiants interrogés. Seuls 56 % d’entre eux connaissent le rinçage pulsé, qui fait pourtant l’unanimité parmi les experts. Quant à la surveillance d’éventuelles complications, 72 % des Esi ne maîtrisent pas l’ensemble des indicateurs de dysfonctionnement.