Surveillance d’un patient à la suite d’une infiltration | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 275 du 01/11/2011

 

Un traitement

Cahier de formation

LE POINT SUR

L’infiltration apporte un soulagement incontestable aux patients souffrant d’arthrose ou de tendinite. À l’infirmière de constater la réussite thérapeutique de cette injection et de détecter les éventuels effets secondaires inhérents à ce type de traitement.

Mise en place du traitement

L’infiltration consiste à injecter un anti-inflammatoire dérivé de la cortisone directement au sein des lésions. Les corticoïdes sont également antalgiques.

L’infiltration se fait :

→ à l’intérieur d’une articulation pour une arthrose ou polyarthrite rhumatoïde ;

→ autour d’un tendon pour une tendinite ;

→ au niveau de la colonne vertébrale pour une lombalgie ou une lombosciatique ;

→ dans les parties molles : talalgies (douleurs des talons), syndrome du canal carpien.

Une radio, un scanner ou l’Imagerie par résonance magnétique (IRM) sont nécessaires pour confirmer le diagnostic et cibler le point de départ de la douleur. Les infiltrations locales sont pratiquées après échec des traitements antalgiques par voie générale.

Les articulations infiltrées sont celles de l’épaule, du genou, du canal carpien, des vertèbres, etc.

L’infiltration radioguidée assure un contrôle radioscopique par exposition aux rayons X. Elle est pratiquée dans les infiltrations vertébrales par des radiologues ou rhumatologues expérimentés. Le contrôle radiotélévisé permet de suivre le cheminement de l’aiguille et de vérifier sa localisation avant d’injecter l’anti-inflammatoire. Elle est réalisée sous anesthésie locale de la région lombaire.

La viscosupplémentation (acide hyaluronique) donne au liquide synovial ses propriétés viscoélastiques. Elle permet le traitement de la douleur et de la raideur dues à l’arthrose (gonarthrose), après l’échec des antalgiques et des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Surveillance du traitement

L’opérateur de l’infiltration est généralement un rhumatologue.

Respect des règles d’asepsie

Le port des gants n’est pas obligatoire. Les gants gênent la palpation fine et rendent le repérage anatomique moins précis. La plupart des rhumatologues n’en utilisent pas. Le port d’un masque et d’une casaque (coiffe cachant les cheveux) relève d’un principe de précaution.

La peau est bien désinfectée à la Bétadine, en insistant sur le point de piqûre. La Biseptine (chlorhexidine) s’utilise en cas d’allergie à l’iode.

Respecter les modalités d’injection

La crème anesthésique locale Emla peut être appliquée 1 heure 30 avant l’intervention pour prévenir les douleurs.

Après avoir réalisé une désinfection locale, le médecin pique la cavité articulaire.

→ Dans un premier temps, le liquide synovial est évacué en cas d’épanchement.

→ Dans un deuxième temps, le produit actif est injecté et se répartit correctement à l’intérieure de l’articulation.

→ Un pansement est appliqué sur le site d’injection qui sera gardé quelques heures.

Le patient doit laisser l’articulation traitée au repos pendant 24 à 48 heures.

Constater l’efficacité d’un corticoïde en infiltration

Amélioration de l’état général du patient

Au bout de quelques jours, l’inflammation des articulations, des tendons et des ligaments s’efface. Les douleurs articulaires intenses ou modérées et permanentes ou intermittentes d’arthrose disparaissent. Pour le genou, il n’y a plus d’épanchement de synovie. L’inflammation des nerfs sciatiques ou cervicaux régresse, permettant ainsi de traiter une sciatique ou une névralgie. Les signes de la maladie de Dupuytren et ceux du syndrome du canal carpien sont moins marqués.

Prévenir les complications

Si le patient ressent des douleurs intenses avec augmentation de volume de l’articulation infiltrée ou s’il a de la fièvre, le médecin est contacté. Il faut rechercher l’absence d’amélioration, signe d’un mauvais positionnement de l’injection.

Dépistage des effets secondaires d’un corticoïde

Les principaux troubles sont locaux, plus rarement généraux.

→ Réactions locales : douleurs d’intensité variable. Réaction “microcristalline” d’irritation locale due aux petits cristaux du corticoïde injecté. Atrophie cutanée et décoloration de la peau (injection superficielle).

→ Risque infectieux très rares : infection survenant à distance (une semaine) avec augmentation douloureuse de volume de l’articulation infiltrée et fièvre. En cas de maladie infectieuse en cours, il est préférable de repousser l’infiltration pour éviter une aggravation d’infection.

→ Malaise vagal : sueurs profuses, baisse de la tension, une baisse du rythme cardiaque, perte de connaissance brève. Le repos avec les jambes surélevées fait disparaître ce malaise.

→ Risque allergique : rougeur du visage avec sensation de chaleur et parfois de maux de tête. Chocs anaphylactiques très rares.

→ Troubles métaboliques : augmentation du taux de sucre dans le sang pouvant révéler un diabète latent ou déséquilibrer un diabète. Rétention d’eau et de sel responsable de l’augmentation tension artérielle ou d’insuffisance cardiaque chez des hypertendus cardiaques.

Les conseils au patient

Recommandations pour la réussite des traitements

→ En cas de douleur, il faut appliquer du froid ou un pansement alcoolisé. Le froid provient soit de glaçons conservés dans un linge, soit d’une compresse thermique (Coldhot) mise au préalable au congélateur. La réaction douloureuse disparaît complètement au bout de trois à quatre jours.

→ Traitement de la douleur à l’aide d’antalgiques et d’anti-inflammatoires.

→ En cas d’arthrose, les symptômes douloureux seront calmés pendant de longues rémissions, mais la guérison n’est jamais totale.

Les règles hygiéno-diététiques

Après une infiltration de cortisone, il n’y a pas de régime alimentaire particulier à suivre.

CETTE FICHE A ÉTÉ RÉALISÉE À PARTIR DE LA NOUVELLE ÉDITION DE PHARMACIE ET SURVEILLANCE INFIRMIÈRE, ÉD. LAMARRE