Post-cancer, quelle vie ? - L'Infirmière Libérale Magazine n° 269 du 01/04/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 269 du 01/04/2011

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

SUIVI > Une étude montre que les anciens patients traités pour un cancer pendant l’enfance se défendent plutôt bien dans la vie, même si leur devenir médical reste l’objet d’inquiétudes.

Un score plutôt élevé ! La fondation Pfizer pour la santé de l’enfant et de l’adolescent a reçu 75 % de réponses au questionnaire envoyé à 3 300 personnes, entre 2005 et 2010. Toutes ont survécu à un cancer pendant l’enfance, entre 1948 et 2000. Principal enseignement tiré de cette cohorte : leur qualité de vie n’est pas moins bonne que celle de la population générale, au contraire… Ces anciens patients obtiennent plus souvent leur bac et font plus d’études supérieures que la moyenne française : 56 % (contre 53 %, source Insee). 17 % d’entre eux sont classés dans la catégorie “cadres supérieurs et dirigeants d’entreprises” contre 12 % pour l’ensemble de la population française. À quelques chiffres près, ils sont aussi souvent propriétaires de leur résidence principale que la moyenne – 42 % contre 45 %. Autre bonne nouvelle : l’accès au crédit n’est pas forcément le parcours du combattant. La moitié des anciens patients ont demandé un prêt pour acquérir un logement. Parmi eux, entre 60 et 70 % ont obtenu un crédit sans surcharge. Précision de taille : chez les survivants d’une leucémie ou d’une tumeur cérébrale, ce pourcentage tombe à respectivement à 12 et 16 %… En ce qui concerne la vie familiale, 58 % des anciens patients vivent en couple (61 % dans la population générale).

Bonne protection sociale

Ces résultats sont en opposition avec les statistiques trouvées dans les pays anglo-saxons. « Ces résultats encourageants sont à mettre, au moins en partie, au bénéfice du système de protection sociale et de protection contre les discriminations en France », commente le Pr Claude Griscelli, pédiatre, initiateur des cohortes au sein de la fondation Pfizer, qui évoque aussi un possible effet psychologique du cancer, conférant à ces anciens malades « une certaine combativité acquise très tôt dans l’enfance ».

« Il faut éviter et le triomphalisme et l’angélisme », estime cependant le Pr François Doz, oncologue pédiatre. Si le devenir socioprofessionnel des survivants d’un cancer est positif, il ne concerne pas tous les anciens patients : les personnes ayant souffert d’une tumeur cérébrale présentent des résultats nettement moins avantageux. « Le système nerveux en développement est particulièrement vulnérable aux conséquences de la maladie elle-même et des traitements », explique le Pr Doz, qui détaille les séquelles cognitives : difficultés de mémorisation, difficultés scolaires, problèmes d’intégration sociale…

Autre nuance : le devenir médical des anciens patients, quel que soit le cancer concerné, est plutôt inquiétant. Leur mortalité est 4 à 7 fois supérieure à celle de la population générale jusqu’à l’âge de 50 ans au moins. Et 45 % des survivants de la cohorte développent au moins un cancer secondaire avant l’âge de 55 ans.