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L'infirmière Libérale Magazine n° 261 du 01/07/2010

 

SOLIDARITÉ

L’exercice au quotidien

Même chez les libérales, réputées indépendantes, la solidarité professionnelle a droit de cité. Nathalie Billiet, installée dans le Nord, en fait l’expérience au quotidien avec les consœurs de son cabinet.

« C’est vrai, le métier d’infirmière libérale est plutôt un métier individuel, mais le simple fait de travailler à plusieurs au sein d’un cabinet crée une solidarité, volontaire ou implicite », observe Nathalie Billiet, diplômée en 1987 et libérale depuis dix ans. Cette solidarité s’exprime dans tous les domaines de l’exercice du métier en libéral : au moment de définir le planning, en cas d’imprévu qui vient le chambouler, mais aussi face aux coups durs émotionnels rencontrés dans la relation de soin ou encore dans le partage d’expérience pour faire face à des situations délicates.

À l’écoute entre collègues

La solidarité n’a visiblement pas besoin d’être pensée ou exprimée : lorsqu’elle existe, elle est généralement spontanée. Implicitement, « nous savons que nous pouvons compter les unes sur les autres », ajoute l’infirmière. Et par la force des choses, « travailler à plusieurs demande d’être conciliant, que chacun y mette du sien ». Y compris au niveau des pratiques. « Chacune apporte son expérience, dans un domaine ou un autre, et nous échangeons volontiers sur nos pratiques », explique Nathalie Billiet. Les deux plus jeunes, formées à la chimiothérapie, partagent naturellement leurs connaissances avec les deux autres. Plus âgées, celles-ci font bénéficier les plus jeunes de leur expérience, notamment dans le domaine relationnel, même si, bien sûr, « nous n’avons pas toutes la même façon d’être ». Elles peuvent ainsi aider leurs jeunes collègues à mieux comprendre la relation thérapeutique avec un patient Alzheimer, qui peut à maints égards se révéler surprenante. Ou donner confiance à celles qui débutent.

Expérience et souplesse

« Au cours des années, c’est un véritable enrichissement, estime Nathalie. Cette solidarité aide à avancer, à surmonter des choses difficiles. Nous côtoyons déjà la maladie et la mort, alors si nous ne sommes pas solidaires… »

« En cas d’imprévu, on l’exprime et, sur les trois autres infirmières, il y en a toujours une qui peut dépanner », souligne Nathalie. Une chose est sûre : « Notre métier demande de la disponibilité, il faut avoir cet esprit-là », considère-t-elle. Si chacune y trouve son compte en matière de soutien, d’expérience, de planning, la solidarité a toutes les chances de perdurer.

* Le métier d’infirmière libérale, Florence Douguet et Alain Vilbrod, Drees, avril 2006 (téléchargeable sur www.sante-jeunesse-sports.gouv.fr/le-metier-d-infirmiere-liberale.html).

Avis de l’expert

Des solidarités internes comme externes

Florence Douguet, sociologue (Université de Bretagne-Sud)*

« Entre les infirmières libérales, des solidarités existent. À deux niveaux : au sein d’un même cabinet mais aussi entre infirmières de cabinets différents. En interne, cette solidarité s’exprime par des pratiques de coopération, d’entraide sur le plan technique, psychique ou administratif. En externe, globalement, un cabinet dont le niveau d’activité devient trop élevé peut rediriger des patients vers d’autres infirmières. Les cabinets deviennent complémentaires. Pour que ces solidarités fonctionnent, les libérales doivent partager des valeurs communes autour de leur pratique, de la façon d’envisager le métier et ce qu’elles mettent au centre de ce métier. »