Les prothèses auditives - L'Infirmière Libérale Magazine n° 259 du 01/05/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 259 du 01/05/2010

 

Un dispositif médical

Cahier de formation

LE POINT SUR

Plus performantes et esthétiques, les prothèses auditives permettent aujourd’hui de prendre en charge une large palette de surdités.

Les différents types de surdités

→ Surdités de transmission : l’oreille externe ou l’oreille moyenne est atteinte. Ces surdités résultent d’un défaut de transmission des vibrations sonores par le tympan et les osselets de l’oreille moyenne.

→ Surdités de perception ou neurosensorielles : l’oreille interne, ou cochlée, est atteinte. La cochlée est constituée de cellules ciliées qui peuvent être endommagées par un traumatisme sonore, une maladie… En amont de la cochlée, ce peut être le nerf auditif qui est atteint : on parle alors de neuropathie auditive.

→ Surdités mixtes : à la fois l’oreille externe ou moyenne et l’oreille interne sont touchées.

→ La presbyacousie désigne une perte progressive de l’audition au niveau de l’oreille interne. Liée à l’âge, elle est généralement bilatérale et symétrique. Il s’agit de la cause la plus fréquente de surdité.

Le bilan audiologique mené par le médecin ORL

La première étape, lorsqu’une surdité est suspectée, est de se rendre chez un médecin ORL. Celui-ci réalise alors un bilan dans une cabine insonorisée, lequel va permettre de réaliser le diagnostic de la surdité et son retentissement, en particulier sur les données de l’audiométrie tonale (recherche des seuils d’audition avec des sons purs et d’audition vocale, perception de mots tests, afin de mesurer l’intelligibilité).

Les déficits qui peuvent être appareillés

Pour bénéficier d’un appareillage, il faut correspondre à certaines règles audiométriques : une perte auditive moyenne supérieure ou égale à 30 décibels, ou une perte auditive dans les aigus supérieure à 35 décibels.

Trois types de prothèses

Le plus souvent, les prothèses auditives conventionnelles – au nombre de 1400 sur le marché – sont numériques et jouent un rôle d’amplification sélective des sons, tout en tenant compte de l’environnement sonore et de la déficience auditive du patient, grâce aux paramètres mis en place par l’audioprothésiste. Aujourd’hui, il existe trois grands types de prothèses : les contours d’oreille, les intra-auriculaires et les plus récentes, les open fit.

Le contour d’oreille

C’est encore le type de prothèse le plus vendu, mais sa part de marché baisse d’année en année. Placée derrière le pavillon, la coque qui contient le dispositif électronique est reliée, par un tube, à l’embout, qui est réalisé sur mesure et inséré dans le conduit auditif. Ce dispositif convient essentiellement à la prise en charge des surdités importantes.

L’intra-auriculaire

Ce type de prothèse est indiqué pour les surdités légères et moyennes. Aujourd’hui, près d’un quart des appareillages se font en intra-auriculaire. Réalisée sur mesure, cette prothèse posée dans le conduit auditif est plutôt discrète. Jusqu’à des pertes d’environ 65 décibels, le résultat est identique à celui d’un contour d’oreille. Problème : en cas de fréquences graves bien conservées, une sensation d’oreille bouchée peut apparaître.

L’open fit

C’est le grand progrès de ces dernières années. L’open fit comprend un contour d’oreille très petit, relié par un fil, à un embout non obstructif placé dans l’oreille. Le conduit auditif n’est donc pas fermé, et la gêne ressentie avec les autres appareils disparaît. L’open fit permet l’appareillage des surdités légères ou moyennes. Il est capable d’amplifier de façon sélective les fréquences aiguës, les plus atteintes dans la majorité des surdités, en laissant passer de façon naturelle les graves.

Des prothèses plus performantes et mieux tolérées

Apparues en 1996, les prothèses auditives numériques ont révolutionné l’appareillage. Le traitement du signal sonore est plus rapide et de meilleure qualité. De plus, le nombre d’options et de réglages ne cesse de croître, rendant possibles la mise en place progressive de l’amplification, et, de manière partielle, la détection différenciée du bruit et de la voix, le confort en milieu bruyant, l’amélioration de la qualité musicale…

Les conditions de la réussite

Si l’ORL prescrit le port d’une prothèse, le patient doit se rendre chez un audioprothésiste qui lui propose un appareil adapté à son cas. Il est possible de corriger 100 % d’une surdité de transmission avec un appareil ; pour les surdités de perception, le gain à attendre d’une prothèse est compris entre 50 et 70 % de la perte.

Le résultat de l’appareillage sur l’audition dépend de la technologie utilisée, de la régularité du port et de l’acceptation des premières difficultés. En effet, la gêne, normale les premiers jours, s’estompe rapidement.

Habituellement, les essais de prothèses durent au moins quinze jours. La prestation de l’audioprothésiste comprend un suivi périodique à trois, six et douze mois, puis au moins une fois par an.

À savoir : l’appareillage doit être le plus précoce possible car la sous-stimulation peut entraîner une dégradation des capacités.

Préserver son appareil

Il faut éviter le contact avec l’humidité, nettoyer les embouts avec des produits spécifiques et des lingettes, et ranger l’appareil dans sa boîte de protection.

La durée de vie moyenne d’une prothèse est de cinq ans.

Les limites de l’appareillage

Quand les distorsions accompagnant la perte auditive sont trop importantes, la préconisation de l’implantation cochléaire s’impose. La surdité doit cependant être bilatérale et profonde et la compréhension avec appareils être inférieure à 40 % (compréhension de quatre mots sur dix). L’implant cochléaire est posé à l’intérieur de l’oreille interne lors d’une intervention chirurgicale ; il est relié par onde radio à un processeur externe. L’âge n’est pas forcément une contre-indication.

À savoir

• 6,6 % de la population souffre d’un déficit auditif. Dans la majorité des cas (88 %), cette déficience n’est pas présente à la naissance.

• Lancé en février 2010, le plan gouvernemental pour les personnes sourdes et malentendantes a pour priorité l’amélioration du dépistage. D’ici 2011, des dépistages systématiques seront mis en place pour les personnes de 16 à 25 ans et autour de 60 ans (cf. ILM n° 258).

• Le Comité économique des produits de santé (CEPS) est chargé de réfléchir à une meilleure prise en charge des prothèses auditives, qui restent coûteuses – leur prix varie entre 1 200 à 2 300 euros – et encore très mal remboursées.

Les degrés de surdité

Perte de 20 à 40 décibels : surdité légère.

Perte de 40 à 70 décibels : surdité moyenne.

Perte de 70 à 90 décibels : surdité sévère.

Perte de plus de 90 décibels : surdité ­profonde.