Sevrage d'une corticothérapie - L'Infirmière Libérale Magazine n° 255 du 01/01/2010 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Libérale Magazine n° 255 du 01/01/2010

 

Cahier de formation

Savoir faire

Monsieur P.a pris du Cortancyl pendant 10 jours pour une crise d'asthme sévère. Doit-il interrompre son traitement de façon progressive ?

Non. Une cure de 10 jours de corticoïdes est considérée comme une cure courte et peut être arrêtée brutalement. Une cure plus longue nécessite en revanche d'autres dispositions car elle peut dans certains cas, en effet, induire une insuffisance surrénale.

PHYSIOPATHOLOGIE

L'excès de glucocorticoïdes inhibe l'axe corticotrope au niveau hypothalamique et hypophysaire. L'ACTH baisse et la corticosurrénale ne produit plus de cortisol, puis s'atrophie. À l'arrêt de la corticothérapie, il y a une certaine inertie de cet axe corticotrope, et on peut alors observer une insuffisance surrénale centrale, voire une décompensation en cas de stress majeur.

LA PHASE D'INERTIE

Lorsque l'administration de glucocorticoïdes de synthèse est de courte durée (inférieure à 5 jours), la récupération de l'axe est très rapide, voire immédiate. En revanche, lorsque l'administration est prolongée, l'inertie peut être durable. On considère tout patient ayant été traité pendant au moins 3 semaines par une dose supérieure ou égale à 7,5 mg d'équivalent prednisone ou ayant eu des signes cliniques d'hypercortisolisme iatrogénique comme un patient à risque d'insuffisance surrénale à l'arrêt du traitement glucocorticoïde.

EN PRATIQUE

→ Lors d'une corticothérapie courte, c'est-à-dire inférieure à 10 jours, on utilise un corticoïde à freinage minimal de l'axe corticotrope (prednisone, prednisolone, méthylprednisolone), et l'arrêt se fait brutalement.

→ Entre 3 et 6 mois, l'arrêt se fait progressivement et rapidement.

→ Passé 6 mois, si la pathologie de fond permet de réduire progressivement le traitement glucocorticoïde jusqu'à l'équivalent de 5 mg/j de prednisone et que l'arrêt complet est envisagé, un traitement substitutif par hydrocortisone est introduit et une évaluation hormonale de la fonction corticotrope est proposée après 2 à 6 semaines (test au Synacthène).

→ Si le test au Synacthène permet de conclure à une fonction surrénale normale, l'hydrocortisone est arrêtée. En revanche, si le patient est en insuffisance surrénale, le traitement est maintenu, et le test au Synacthène est de nouveau réalisé après 4 à 6 mois.

→ Dans les 12 mois suivant l'arrêt de la corticothérapie, les sujets récupèrent une fonction surrénale normale. Un petit nombre de patients peuvent cependant rester en insuffisance surrénale de façon plus durable, voire définitive.

Point de vue...

La recherche du bon dosage

Pr Jérome Bertherat, Centre des maladies rares de la surrénale, service des maladies endocriniennes et métaboliques, hôpital Cochin (Paris)

« La prise d'hydrocortisone (dont la demi-vie est brève, environ 90 min) sur un schéma classique (2/3 dose le matin, 1/3 à midi) ne reproduit que partiellement la physiologie. Chez certains patients asthéniques en fin de journée, la dose a été fractionnée en 3 prises avec l'apport d'une petite dose (par exemple 5 mg) d'hydrocortisone vers 17 heures. »