Ouverture à Mexico de la 17e Conférence internationale sur le Sida | Espace Infirmier
 
04/08/2008

Ouverture à Mexico de la 17e Conférence internationale sur le Sida

La 17e Conférence internationale sur le Sida s’est ouverte dimanche à Mexico et doit s’achever le 8 août. Plus de 25 ans après le début de la pandémie, quelque 22.000 participants (scientifiques, politiques, associations, groupes de malades) sont attendus dans la capitale mexicaine pour tenter de mettre en musique le slogan de la conférence : « Agir partout maintenant ».

Plusieurs personnalités d’envergure internationale étaient présentes à l’inauguration : la directrice de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Margaret Chan, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon et l’ancien président américain Bill Clinton entre autres. Mais peu de chefs d’Etat ou de ministres de la Santé ont fait le déplacement.

Le président mexicain Felipe Calderon, hôte de la conférence, a annoncé en personne que son gouvernement offrirait des antirétroviraux gratuits aux malades mexicains et qu’il autoriserait progressivement les entreprises étrangères à commercialiser des médicaments au Mexique. Cette annonce intervient après de vives critiques à l’encontre de M. Calderon accusé de ne rien faire contre les prix élevés des traitements proposés par les laboratoires au Mexique. D’ici à 2012, « tous, absolument tous les médicaments antirétroviraux » seront « fournis gratuitement à leurs bénéficiaires », a-t-il déclaré.

L’Espagne a dépêché pour l’occasion sa vice-présidente du gouvernement, Maria Teresa Fernandez de la Vega, qui en a profité pour annoncer l’octroi par son pays de 10, 2 millions d’euros à l’Onusida dont 3 millions destinés à la recherche d’un vaccin.

Côté français en revanche, la délégation politique est réduite à la portion congrue. Aucun représentant du gouvernement n’a fait le déplacement, au grand dam des associations comme Act up. Louis-Charles Viossat, ambassadeur chargé de la lutte contre le VIH/Sida sera le messager officiel de la France à Mexico.

Peter Piot, directeur de l’Onusida depuis sa création en 1995, déplore une indéniable baisse de l’attention politique en matière de Sida. Or souligne-t-il, le concours des dirigeants politiques est essentiel pour lutter efficacement contre la maladie, notamment dans les zones où elle se développe gravement comme en Europe de l’Est.

Selon les chiffres publiés mardi dernier par l’Onusida dans son rapport annuel, 33 millions de personnes étaient porteuses du virus de l’immunodéficience acquise en 2007. Les données américaines ne figurent toutefois pas dans ce rapport car les Etats-Unis ne les ont pas transmises à temps.

Selon ce rapport, l’épidémie de Sida est globalement en voie de stabilisation dans le monde. Le nombre de décès liés à la maladie a tendance à baisser un peu, passant de 2,2 millions en 2005 à 2 millions l’an dernier. En 2007, l’Onusida recense 2,7 millions de nouvelles infections. Ce chiffre est en augmentation en Indonésie, au Kenya, au Mozambique, au Vietnam, en Russie, en Ukraine, mais aussi en Allemagne, en Grande-Bretagne et en Australie. L’Afrique subsaharienne suscite une grande inquiétude : seulement une personne sur trois qui en aurait besoin y a accès à un traitement.

Plusieurs mauvaises nouvelles provenant notamment du secteur de la recherche sont venus récemment obscurcir le ciel des personnes séropositives et des malades du Sida. Le 15 juillet dernier, le laboratoire Roche a ainsi annoncé l’arrêt de son activité de recherche dans le domaine du VIH après des résultats précliniques décevants pour deux molécules. La même semaine, aux Etats-Unis, l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) faisait savoir qu’il renonçait à mener une large étude de phase II sur un vaccin anti-VIH. Le programme a été annulé à la dernière minute, en raison de l'interruption à l’automne 2007 de l'essai de phase II STEP, portant sur le vaccin MRKAd5 de Merck & Co. L'arrêt de STEP, qui prévoyait d'inclure 3.000 volontaires (aux Etats-Unis, en Amérique du Sud, aux Caraïbes et en Australie) en collaboration avec le NIAID, a été vécu par la communauté travaillant sur le sida comme un revers majeur de la recherche vaccinale, suscitant des craintes quant à la mobilisation du public et des investisseurs.

Lundi, pendant la conférence de Mexico, Act up-Paris et d’autres militants de la lutte contre le Sida ont interrompu aux cris de « Save children’s lives, not your pharma profits » le symposium commercial du laboratoire Bristol Myers Squibb pour protester contre sa décision d’arrêter la commercialisation d’une version pédiatrique de l’Efavirenz, un antirétroviral également connu sous le nom de Sustiva.

La conférence de Mexico sera par ailleurs l’occasion de faire un tour du monde des législations discriminatoires envers les séropositifs. En effet, de nombreux Etats dont la Chine, la Corée du Sud, Singapour et une majorité de pays du Proche-Orient interdisent l’entrée de leur territoire aux personnes séropositives ou la soumettent à condition.

De ce point de vue, l’éclaircie est venue des Etats-Unis où un texte de loi a levé, quelques jours avant l’ouverture de la conférence, l’interdiction d’entrée des personnes séropositives au VIH sur le sol américain, en vigueur depuis 1987. Les personnes qui vivent avec le virus du Sida « sont courageuses, motivées et elles devraient nous servir d’exemple de dignité face à l’adversité », a déclaré Ban Ki-moon à Mexico. « Le fait que ces personnes subissent des discriminations, y compris des restrictions à la mobilité, devrait nous remplir de honte. »

En France, les associations Act up et Aides ont rencontré Roselyne Bachelot la semaine dernière pour préparer la conférence et l’ont interpellée sur « les enjeux de santé publique » induits par « des décisions politiques à l’impact désastreux sur la vie des malades » telles que l’ « instauration des franchises médicales » ou les « menaces sur la prise en charge à 100% des affections de longues durée (ALD) ».

C. A.

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