Ehpad : l’urgence d’une mobilisation commune | Espace Infirmier
 

25/01/2018

Ehpad : l’urgence d’une mobilisation commune

Sept organisations syndicales ont tenu une conférence de presse ce 25 janvier pour appeler, d’une seule voix, les personnels des Ehpad et ceux des soins à domicile, à une journée de mobilisation nationale le 30 janvier. Une manifestation, « inédite » pour le secteur, qui témoignera de la « détresse » du personnel, mais aussi de « l’insuffisance des effectifs et des moyens » dans la prise en charge des personnes âgées.

« Aujourd’hui, les Ehpad ne sont pas des lieux de vie, car ils sont dans une logique perpétuelle de rendement. » La conférence de presse tenue conjointement par sept organisations syndicales et l’Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), le 25 janvier à Paris, a peint un tableau très sombre de la situation au sein des Ehpad, tant pour le personnel – administratif, logistique et soignant – que pour les résidents. « Il s’agit d’une situation de crise, a confié Bruno Lamy, secrétaire général adjoint de la CFDT. Aujourd’hui, le taux d’accident du travail dans les Ehpad est deux fois supérieur à la moyenne nationale, et le taux d’absentéisme est en moyenne de 10%. »

Personnel en burn-out, taux d’absentéisme élevé, conditions de travail « dramatiques », étudiants peu encadrés, résidents en détresse… « Il faut des mesures urgentes, a exhorté Luc Delrue, secrétaire fédéral de FO santé/territoriaux. Les salariés ne peuvent accepter les propositions qui leur sont faites. On sait que la situation est compliquée. Mais le gouvernement doit ouvrir de vraies négociations. » Après la concertation de 350 délégués des Ehpad en novembre dernier, quatre revendications ont été définies et seront présentées au ministère des Solidarités et de la Santé :
- Application du ratio 1 :1 (un agent pour un résident), tel qu’il est prévu dans le Plan solidarité grand âge ;
- Abrogation des dispositions législatives relatives à la réforme de la tarification des Ehpad ;
- Arrêt des baisses de dotations induites par la convergence tarifaire et le maintien de tous les effectifs, y compris des contrats aidés « qui doivent être intégrés et sécurisés », précisent-ils ;
- Augmentation des rémunérations et amélioration des perspectives professionnelles.

Une mobilisation nationale

« La question du grand âge n’est pas une petite question », a souligné le Dr Jean-Paul Zerbib du CFE-CGC. Plus d’un tiers des Ehpad fonctionnent sans médecin coordonnateur, ce qui est illégal. Les résidents sont de plus en plus maltraités, le temps des toilettes diminue, les aides-soignants sont débordés, les infirmières ne parviennent à assurer leur mission d’encadrement… Les effectifs ne sont pas suffisants, d’où la nécessité de rendre ces carrières plus attractives et de mieux rémunérer les personnels. » Ce que confirme Christian Cumin de CFTC Santé sociaux : « Il y a danger, et même non-assistance à personne en danger ». D’où la nécessité, selon lui, de se rapprocher des normes des autres pays européens et notamment du ratio 1 :1, alors que la moyenne en France est de 0.6.

Les pouvoirs publics ont été largement critiqués par l’ensemble des organisations syndicales, mais aussi par Pascal Champvert, président de l’AD-PA, qui a souligné leur « double discours permanent » où, derrière l’apparent souci de qualité se cachent des préoccupations essentiellement budgétaires : « À nous directeurs, on nous dit ‘Gardez vos histoires de qualité pour vos colloques. Ici, on est là pour parler de financement.’  » Ce qui explique, ajoute-t-il, la tarification pratiquée – et donc autorisée – par la plupart des territoires pour une heure d’aide à domicile (moins de 21 euros), alors qu’une étude réalisée par l’État indique 24 euros… « Nous demandons les excuses d’Agnès Buzyn qui, à trois reprises, a dit que s’il y avait des problèmes dans les établissements et les services à domicile, c’est que le management n’était pas à la hauteur. »

Le rassemblement du 30 janvier fera éclore dans tout le territoire des manifestations et rassemblements tant dans les rues qu’au sein même des Ehpad. Par exemple,
- Montpellier : ARS, 14 h 30
- Strasbourg : Place Kleber, 10 h
- Angers : Place Leclerc, 10 h 30
- Rodez : Place d’Armes, 15 h
- Amiens : Centre Saint-Victor, 10 h
- Grenoble : Préfecture, 15 h
- Lyon : ARS, 10 h 30
- Niort : Haut Place de la Brèche, 11 h
- Paris : ministère de la Santé, 14 h

Un appel à la mobilisation qui s’étend dans tout le pays… même si pour l’heure, les directives données à certaines régions – dont la Préfecture de Paris – sont claires : pas de ballons, pas d’affiches, pas de slogans, pas de musique…

Karen Ramsay

Les dernières réactions

  • 26/01/2018 à 07:31
    blaise
    alerter
    Il aurait été plus décent et intéressant de diffuser la réaction de quelqu'un qui connait réellement le travail auprès des personnes âgées (même le travail tout court) et non celui d'une personne qui ne fait qu'occuper l'espace médiatique en donnant son a
  • 26/01/2018 à 18:51
    Solange Granier
    alerter
    Toujours les mêmes incompétents, beaux parleurs et retirés du circuit qui causent pour les autres. Pour ne rien dire ou enfoncer des portes ouvertes comme le barbu qui siège sur France 5.
  • 30/01/2018 à 08:43
    Hirondelle
    alerter
    On peut parler de catastrophique humanitaire, le mot n'est pas trop fort! On ne peut gérer une EHPAD comme une entreprise! Les produits sont DES HUMAINS à qui le respect, la bienveillance doivent être la ligne directrice. Le personnel est épuisé, passe d'

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