Grève : La colère des infirmières portugaises | Espace Infirmier
 

18/09/2017

Grève : La colère des infirmières portugaises

Revalorisation des salaires et des statuts, passage aux 35 heures, réintroduction du statut d’infirmier spécialisé… Les infirmières portugaises sont descendues dans la rue du 11 au 15 septembre. Un mouvement qui aurait été suivi par 85 % des agents hospitaliers, selon les syndicats organisateurs.

Le conflit couvait de longue date. Le 3 juillet dernier, les 2 000 infirmières spécialisées en santé maternelle et obstétrique (sur 6 000 infirmières spécialisées – les autres spécialités concernant la santé communautaire, la rééducation, la santé pédiatrique, la santé mentale et les infirmières de bloc), avaient, en effet, décidé de ne plus utiliser leurs compétences spécifiques en salle de naissance. La raison ? Elles ne sont plus rémunérées pour leur fonction car leur statut a été supprimé du cursus professionnel infirmier en 2009. Mais elles continuent néanmoins de se former et d’exercer des missions spécifiques. Début septembre, elles ont même décidé de rendre leurs diplômes aux conseils de l’Ordre infirmier portugais.

Leur mouvement a été rejoint le lundi 11 septembre par deux syndicats infirmiers généralistes – le Syndicat des infirmiers (SE) et le Syndicat indépendant des professionnels infirmiers (SIPE) – qui ont proposé une grève et plusieurs rassemblements dans les grandes villes du pays. Près de 6 000 interventions chirurgicales auraient ainsi été ajournées cette semaine-là. Le gouvernement portugais, qui estime que le délai de préavis de grève n’a pas été respecté, a pourtant menacé de sanctionner les professionnels pour absences injustifiées. « Un préavis de dix jours ouvrables aurait du être observé », note le secrétariat d'État à l'Emploi.

Revoir les salaires

Un troisième syndicat infirmier s’est, quant à lui, désolidarisé du mouvement en n’appelant pas à la grève. Le SEP (Syndicat des infirmiers portugais) est, en effet, en discussion avec le ministère pour une revalorisation des salaires. Il demande le passage du salaire de base de 1 200 à 1 600 € bruts mensuels, soit ce qui est versé aux professionnels de santé non médecins à l’hôpital public au Portugal. Il souhaite également que les infirmières spécialisées soient rémunérées à hauteur de 1 900 € et que les 35 heures hebdomadaires s’appliquent à toutes les infirmières du système national de santé. Le 14 septembre, alors qu’une dernière réunion achoppait sur la question des salaires, le SEP a d’ores et déjà annoncé son propre mouvement de grève pour début octobre.

L’Ordre infirmier portugais, qui soutient la protestation des infirmières, s’est dit désolée d’une telle division. « Toutes les infirmières sont membres de l’Ordre. Elles ont toutes de bonnes raisons d’appeler à la grève, c’est une cause juste, estime Ana Rita Cavaco, présidente de l’Ordre dans les pages de Observador. Mais avoir une multiplication de grèves à des dates différentes, cela risque de porter préjudice aux patients et donc, à notre cause. » Le président de la République et les parlementaires ont, de leur côté, demandé à rencontrer les représentants des professions infirmières et médicales.

Sandra Mignot

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