Accès aux soins : la double peine des femmes précaires | Espace Infirmier
 

20/07/2017

Accès aux soins : la double peine des femmes précaires

Selon une synthèse du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, la précarité a une incidence plus forte sur l’accès aux soins des femmes.

Créer des unités de soins mobiles dans les déserts médicaux, généraliser le dépistage systématique des violences faites aux femmes, prévenir et dépister le harcèlement sexuel et l’agissement sexiste au travail, prendre en charge à 100 % les soins dispensés aux victimes de violences de genre, ou encore, favoriser la réalisation d’actes à domicile par la généralisation de protocoles de coopération… Ce sont quelques-unes des recommandations formulées par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Un rapport passé quasiment inaperçu… peut-être parce que rendu en pleine période d’élections législatives ?

Ce rapport fait pourtant le point sur l’effet de la précarité et du genre sur la santé et l’accès aux soins, et met en évidence une santé particulièrement détériorée, des femmes moins bien suivies, et davantage exposées aux violences de genre, y compris au travail. L’enquête des rapporteurs Geneviève Couraud, Gilles Lazimi et Margaux Collet souligne notamment la hausse des maladies professionnelles, accidents du travail et de trajet dans des secteurs d’emploi à forte précarité que sont la santé, le nettoyage ou le travail intérimaire. Les maladies professionnelles ont augmenté de 155 % chez les femmes entre 2001 et 2015 (contre 80 % chez les hommes). Parmi celles-ci, les troubles musculo-squelettiques apparaissent comme le propre des catégories les plus exposées à la précarité : chez les ouvrières, davantage exposées aux gestes répétitifs, le taux de TMS est ainsi de 8,4 pour un million d’heures travaillées contre 2,4 pour les ouvriers.

Pas d’argent, pas de soins

Le rapport précise également que 64 % des personnes ayant reporté ou renoncé à des soins en 2016 sont des femmes. Et ce, en raison d’un manque de moyens financiers ou de freins culturels et symboliques. Il cite une enquête de l’Inserm qui en 2010 (1), indiquait que 4,4 % des femmes enceintes avaient renoncé à des consultations prénatales par manque d’argent. Une enquête de 2008 a également révélé que 18 % des femmes interrogées n’avaient bénéficié ni d’une mammographie, ni d’un frottis au cours des deux dernières années, principalement pour des motifs financiers ou l’absence d’un logement stable.

Enfin, ce travail de synthèse montre que le poids de la charge mentale liée à l’organisation de la vie domestique et familiale entrave l’accès aux soins des femmes par manque de disponibilité et priorisation du bien-être des proches.

Sandra Mignot

1. Enquête nationale périnatale 2010, B. Blondel et M. Kermarrec, Inserm

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