« On peut plus continuer comme ça » | Espace Infirmier
 

Cyril, aide-soignant depuis 6 ans en chirurgie gastrique, est « totalement en grève mais totalement réquisitionné »

09/11/2016

#8novembre

« On peut plus continuer comme ça »

Entre coupes budgétaires, dégradation des conditions de travail, sous-effectif chronique et absence de reconnaissance, les paramédicaux de la Timone à Marseille sont à bout de souffle. Plusieurs dizaines d’entre eux ont manifesté le 8 novembre dernier à l’appel des centrales syndicales et des organisations professionnelles.

« Une grève, j’étais pas du tout au courant ! », lance Virginie*, technicienne de laboratoire au CHU de la Timone, le vaisseau amiral de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille, qui fait une pause à l’arrière du bâtiment – un café dans une main, une cigarette dans l'autre – à l’abri du mistral glacial qui souffle sur la ville. Même étonnement chez sa collègue qui regrette que l’information « circule mal ici parce que on a peu de contact avec les autres personnels. De toute façon, on n'aurait pas pu la faire car est encore en CDD. Mais je suis pour », dit-elle. Un peu plus loin, Cyril, aide-soignant depuis 6 ans en chirurgie gastrique, est « totalement en grève mais totalement réquisitionné ». Sur sa blouse blanche, « En grève » est d’ailleurs inscrit au feutre. Une façon pour le jeune soignant de marquer son soutien « aux collègues qui débrayent aujourd’hui » et aussi d'éviter qu’on ne se méprenne pas sur sa présence à son poste. « S’en prendre à l’hôpital public, c’est s’en prendre aux patients. Et ça, c’est inacceptable », déclare-t-il.

Scandale permanent

Patricia, infirmière dans le même service s’apprête à rejoindre le rassemblement au Vieux Port à l’appel de la CGT et de Sud santé. « Notre cadre nous soutient, elle n’a pas réquisitionné les titulaires pour qu’on puisse aller manifester », explique-t-elle. Depuis 4 ans, Patricia mesure la lente dégradation des conditions de travail et la surcharge qui va avec, sans traduction concrète sur son bulletin de salaire. « On ne peut plus continuer comme ça, tempête-t-elle. Nous sommes régulièrement 2 infirmières pour un service de 40 patients lourds au lieu de 4. Et nous faisons aussi le brancardage, car il n’y a plus de personnel pour cette fonction. » Le week-end dernier, il n’y avait plus de draps dans le service et il est courant que les infirmières et aides-soignantes doivent aller chercher les repas des patients, car il y n’y a pas suffisamment de personnel pour assurer la distribution dans les services. Côté matériel, ce n’est pas mieux. « On n’a plus ni tensiomètre, ni thermomètre. Si on en veut, il faut les acheter. Ce que j’ai fait. Plus grave encore, depuis des mois, il n’y a plus qu’un seul chariot d’urgence pour deux unités ! Et je passe sur la vétusté des locaux et de certaines chambres. Un scandale permanent », détaille-t-elle. « On a peur pour nous, car avec le manque de personnel, on travaille 6 jours sur 7, mais on a peur aussi pour les patients. Quand les services tournent avec de jeunes diplômées et des intérimaires, où sont la sécurité et la qualité des soins tant vantées », interroge-t-elle.

Malgré ce sombre tableau, la prise en charge des patients a été, comme chaque jour, assumée par les équipes dans le service. Mais pour combien de temps encore et à quel prix pour les soignants ? 

Françoise Vlaemÿnck

*Les prénoms ont été changés.

Les dernières réactions

  • 10/11/2016 à 04:45
    Solange Granier
    alerter
    Le grand "mouvement unitaire" des infirmiers est (dé)passé…
    Quelques milliers à Paris, parfois un peu plus dans certaines villes de province, ce ne fut pas la grande marée blanche espérée. Mais peut-être que le mouvement de grève concomitant initié par l
  • 10/11/2016 à 06:54
    blaise
    alerter
    Pendant ce temps là, le président et le directeur de l'ordre infirmier vont (aux frais des cotisants ?) à Saint-Pierre et Miquelon faire du prosélytisme ordinal devant des chaises vides : de qui se moque-t-on ?
  • 10/11/2016 à 23:43
    Mikl
    alerter
    A bon
    Il me semble que c etait plutot la cfdt qui est au service du gouvernement .
    La loi travail ....
    Beau mouvement des infirmiers qui savent ce prendre en main et soutenu par ceux qui defendent la profession.
    Tant pis pour la cfdt
  • 11/11/2016 à 07:00
    blaise
    alerter
    Le mandat ordinal des prétendus défenseurs de la profession vient d'être prorogé jusqu'à novembre 2017 par décret ministériel afin que soient évitées de nouvelles élections à l'envers comme en 2013.
    Plus de la moitié des associations et syndicats formant
  • 15/11/2016 à 18:15
    Moustique bis
    alerter
    Depuis plus de 50 ans que les syndicats sont présents devant les différents gouvernements, heureusement que l'ordre s'est mobilisé, ces dernières années, pour que soit inscrit dans le code de santé publique les avancées de la profession vers le LMD. Pas d
  • 15/11/2016 à 20:25
    blaise
    alerter
    Il ne semble pas que les avancées vers le LMD soient la priorité actuelle des infirmiers.
    Et de quelle reconnaissance bénéficient nos amis du Québec ?
    Au lieu d'énoncer des énormités, publiez donc les comptes ordinaux 2015 avec le montant des cotisation

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