Un mouvement unitaire « historique » des infirmières ? | Espace Infirmier
 
Picto coopération

07/11/2016

MANIFESTATION

Le 8 novembre, l'unité infirmière dans la rue ?

Le 8 novembre, les organisations infirmières appellent à la « mobilisation générale » pour dénoncer la dégradation des conditions de travail. Elles défileront aux côtés des personnels hospitaliers, mobilisés par les centrales syndicales. Des revendications exprimées lors d'un point presse le 7 novembre.

Infirmières libérales et salariées, Ibode, Iade, puéricultrices et infirmières scolaires, cadres de santé ou encore étudiants… Seront-ils nombreux à battre le pavé, le mardi 8 novembre, dans le froid, à Paris ou en régions ? « Difficile à dire » répondent les 16 organisations professionnelles (1). « Mais il y a beaucoup de mouvements sur les réseaux sociaux, se félicite Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI), nous avons reçu beaucoup d’appels d’infirmières qui souhaitent faire grève mais qui hélas sont assignées ». Le moment est pourtant « historique », soulignent-ils, car ils ont surmonté leurs divergences pour appeler ensemble à la « mobilisation générale ».

La vague de suicides qui a touché la profession infirmière cet été montre que cette dernière est « à bout de souffle », « quels que soient ses modes d’exercice », en raison de la dégradation des conditions de travail. « Les raisons de la grogne sont nombreuses » : la « pénibilité non reconnue » du travail, la « discrimination salariale », le « manque de personnel », le « manque de concertation » ou encore la « non prise en compte de l’ensemble des compétences des infirmières libéraux ». A l’hôpital, « le manque de personnel, de moyens, de temps et l’encadrement déficient des étudiants, nuisent à la qualité des soins ». Nathalie Depoire raconte « l’absentéisme qui monte à l’hôpital, le rappel des infirmières sur leur temps de repos. Elles doivent remplacer dans n’importe quel service, dans le mépris de leurs compétences ». Thierry Amouroux, secrétaire général du SNPI CFE-CGC, dénonce de son côté, « la logique industrielle de l’hôpital, qui nous impose d’enchaîner les actes de soins, alors que nous sommes formés à une prise en charge globale des patients ».

Un rôle de figurant

En ville, « notre système de santé doit faire face à l’augmentation des maladies chroniques, rappelle Philippe Tisserand, président de la FNI. Quelle logique y a-t-il à faire reposer le système sur les médecins généralistes, qui ne sont plus présents dans de nombreux territoires ? Les infirmières, elles, sont présentes, mais sont considérées non comme des actrices du système de santé, mais comme des figurantes dévouées ». La reconnaissance de pratiques avancées infirmières est très attendue, par exemple par les infirmières puéricultrices : « Devant le manque de pédiatres, beaucoup de jeunes parents aimeraient avoir accès à nos consultations. Mais comme il n’y a pas de nomenclature, ils se rendent aux urgences », regrette Élisa Guises, vice-présidente de l’ANPDE.

Sous ses apparences unitaires, le mouvement est en réalité scindé en deux. Car dans les hôpitaux, les centrales syndicales FO, CGT et Sud appellent de leurs côtés tous les personnels à la mobilisation. Un mot d’ordre bien plus politique : l’abrogation de la loi santé du gouvernement socialiste, mais aussi de la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST) du gouvernement précédent, qui toutes deux participent à la « déstructuration du système hospitalier français ». Ils dénoncent également la constitution des groupements hospitaliers de territoire (GHT), les restructurations, les suppressions de lits, la précarisation, mais aussi les Ordres professionnels… « Nous sommes d’accord sur la plupart de ces revendications, mais la critique des Ordres nous semble décalée », commente Nathalie Depoire. « Nous sommes un mouvement infirmier, nos revendications sont plus professionnelles », insiste Thierry Amouroux. « Les IDE sont les acteurs les plus nombreux du système de santé, renchérit Élisa Guises. Nous voulons être entendus, reconnus, considérés »

Texte : Caroline Caroline-Chodorge

Retrouvez les principaux lieux de rendez-vous ici.


Note

1. AEEIBO (Association des enseignants des écoles d’infirmiers de bloc opératoire), Aneia (Association nationale des étudiants infirmiers anesthésistes), Anfiide (Association nationale française des infirmières et infirmiers diplômés d’État), ANPDE (Association nationale des puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et des étudiants), Ceeiade (Comité d’entente des écoles IADE), Convergence infirmière, CNI (Coordination nationale infirmière), Fnesi (Fédération nationale des étudiant.e.s en soins infirmiers), FNI (Fédération nationale des infirmiers), Snia (Syndicat national des infirmier(e)s anesthésistes), SNICS (Syndicat national des infirmier(e)s conseiller(e)s de santé), SNIES (Syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de santé), SNPI CFE-CGC (Syndicat national des professionnels infirmiers), Sniil (Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux), Unaibode (Union nationale des associations d’infirmier(e)s de bloc opératoire diplômé(e)s d’État), Unidel.

Les dernières réactions

  • 07/11/2016 à 20:09
    blaise
    alerter
    FO, la CGT et SUD ont toujours été hostiles aux ordres professionnels et la suppression de ceux-ci est parfaitement justifiée dans le lot de revendications contre le gouvernement.

    Rappelons que l'ordre infirmier a été remis en selle par ce même gouver

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