Le tabac, « fil rouge » en addictologie | Espace Infirmier
 

31/05/2016

Le tabac, « fil rouge » en addictologie

À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, zoom sur la fonction d’infirmière tabacologue. Lionel Louis, exerçant à l’EPSM de la Sarthe, a partagé son expérience au Salon infirmier, jeudi 26 mai.

Alors que la prise en charge de la dépendance à l'alcool, à l'héroïne ou au cannabis est reconnue, celle de la dépendance tabagique « fait encore l'objet de résistances, constate Lionel Louis, infirmier tabacologue à l'EPSM* de la Sarthe, en particulier côté soignants ». Et d'expliquer : « L'addiction au tabac est banalisée, alors qu'elle est le fil rouge. Les patients, qu'ils soient dépendants à l'alcool, l'héroïne ou le cannabis ont en commun, pour 90 % d'entre eux, d'être dépendants au tabac. » Le tabac est d'ailleurs la première cause de mortalité du malade alcoolique. Pour de nombreux patients, l'hospitalisation est donc une opportunité pour stopper ou réduire leur consommation de tabac.


Engagement libre

Dans le service d'addictologie de l'EPSM de la Sarthe, 40 % des patients sont demandeurs d'une prise en charge. « Ils ont l'impression de pouvoir librement "tenter l'aventure" dans ce cadre protégé », note Lionel Louis. La question de la dépendance tabagique est systématiquement posée à tous les patients, lors du premier entretien ou de l'admission dans le service. « À la suite de ce conseil minimal, 5 % des patients initient une démarche, rapporte l'infirmier. Il est important de proposer, sans forcer la main. » Un « testing CO » pour mesurer le niveau d'intoxication du patient est également effectué de façon systématique. L'infirmier tabacologue anime par ailleurs une réunion hebdomadaire « info tabac », obligatoire pour tous les patients, sous la forme d'un quizz ludique. Il propose également une substitution nicotinique ponctuelle, notamment pour réguler les consommations nocturnes.


Suivi infirmier hebdomadaire

Pour les patients demandeurs, un accompagnement au sevrage est mis en place durant leur séjour, avec une consultation infirmière hebdomadaire. « J'évalue la réalité de leur baisse de consommation, détaille Lionel Louis, je les interroge sur leurs moments difficiles et à leur sortie du service, nous procédons à un nouveau test CO. » Un suivi est ensuite instauré. « La présence du patient à ces rendez-vous en dit long sur sa motivation, relève Lionel Louis, car en addictologie, 25 % des rendez-vous ne sont pas honorés. » L'infirmier tabaccologue évalue les difficultés rencontrées, la motivation du patient, ses relations avec son entourage. Il renforce, au besoin, sa démarche et travaille avec lui sur les changements dans ses habitudes de vie. « Nous arrivons à des temps d'entretien où l'on ne parle quasiment plus de tabac, mais de tout ce qu'il y a à côté », note-t-il. Chaque année, l'activité tabacologique du service représente 250 entretiens et 150 patients sensibilisés via l'info tabac.


Clarisse Briot


* Établissement public de santé mentale

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