L’art-thérapie pour se réapproprier un corps meurtri | Espace Infirmier
 

Élodie Duboisset (à g.), infirmière, et Cécile Dos Santos (à dr.), psychologue en soins de support, clinique d’Estrée à Stains (Seine-Saint-Denis).

24/03/2016

L’art-thérapie pour se réapproprier un corps meurtri

Élodie Duboisset, infirmière en chimiothérapie ambulatoire à la clinique d’Estrée à Stains (93), a reçu le 19 mars le prix Any d’Avray pour « Vision et pensée corporelle du cancer ». Permettre au patient de s’exprimer sur un corps douloureux et bousculer le tabou autour du cancer font partie des objectifs de son projet.

« Nous avions travaillé en art-thérapie, par le biais de la peinture. Ce fut une belle expérience et aujourd’hui nous allons plus loin », assure Élodie Duboisset, infirmière en chimiothérapie ambulatoire à la clinique d’Estrée, à Stains (93). Avec ses collègues David Baroukh (IDE) et Cécile Dos Santos (psychologue en soins de support), ils sont les lauréats du prix Any d’Avray (1) 2016. Une dotation de 7 500 euros qui leur permettra de lancer une série d’ateliers artistiques pour « permettre aux patients de libérer la parole sur leur perception corporelle et l’image qu’ils pensent renvoyer, mais aussi d’extérioriser leur douleur physique et/ou leur ressenti face à une altération corporelle (déformation, pâleur, prise de poids…) ».

Mieux accepter son corps

Les jeunes soignants animeront eux-mêmes plusieurs ateliers : modelage (représenter son corps ou une partie et en parler), mannequin miroir (projeter sa vision de soi-même en accrochant texte, dessin ou image sur un modèle taille réelle), peinture, écriture. Enfin, un photographe professionnel proposera de réaliser des clichés du corps du patient ou simplement d’une partie, en vue de le sublimer. Ce qui donnera lieu à une exposition. « Le photographe devrait commencer en septembre, tandis que nous mettrons les autres ateliers en place dès la mi-avril ! », se réjouit Élodie Duboisset. Autre objectif affiché : remettre en question les préjugés du patient, mais aussi du public « envers une pathologie qui fait encore peur ».

Resserrer les liens soignant-soigné

« Les patients se confient énormément à nous, sur les changements de regard au sein de leur entourage notamment. Ces ateliers permettront un travail en profondeur sur ce sujet, mais pourraient aussi donner l’occasion à de nouveaux patients de se préparer à leurs changements physiques. Cela favorisera aussi la relation soignant soigné, instaurant un nouveau climat de confiance. Il nous tient à cœur de leur dire : nous ne sommes pas seulement là pour vous administrer une chimiothérapie », assure l’infirmière. A l’œuvre !

Laëtitia Di Stefano

(1) Le prix Any d'Avray récompense un projet infirmier visant à améliorer la qualité de vie des patients atteints de cancer. Trois prix spéciaux du jury (1 000 euros chacun) ont également été décernés cette année : « Santé, le mouvement » de Sylvie Dutendas (CH Henri Mondor à Créteil) ; « Les bains thérapeutiques » de Karine Bonicel (centre René Huguenin à Saint-Cloud) ; « S’il n’y avait qu’une image » de Hélène Mauri (Institut Curie à Paris).

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