© Fotolia
Inquiétante expansion du travail en 12 heures à l’hôpital
Après enquête, l’Association nationale de médecine du travail et d’ergonomie du personnel des hôpitaux (ANMTEPH) livre des recommandations en faveur d’un compromis social autour de l’organisation du temps de travail dans la fonction publique hospitalière.
Aucun service ne semble désormais échapper aux 12 h : tel est le constat de l’enquête de l’ANMTEPH réalisée auprès de 37 établissements publics de santé représentant près de 110 000 agents hospitaliers. S’ils sont 14 % en moyenne à travailler en 12 h, ce chiffre peut grimper à 56 % selon les établissements. La poussée de ces horaires jour et nuit, les plus défavorables pour la santé, inquiète les médecins du travail. D’autant que leur cadre réglementaire, rappelé dans une instruction de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) du 7 janvier 2015, est peu respecté, sauf la limitation à trois jours consécutifs de travail en 12 h. Parmi les règles couramment bafouées, citons les temps de transmission, d’habillage et de déshabillage, de pause et de restauration ; des temps rarement inclus dans les 12 h. De même, le comité technique d’établissement et le CHSCT devraient être saisis pour avis préalablement à leur mise en place.
Forte demande
Parmi les arguments avancés par les établissements pour justifier le recours aux 12 h, pourtant censés rester dérogatoire, la demande des personnels arrive en tête, suivis d’arguments relatifs aux effectifs (économies, gestion et recrutement facilités), à la gestion des plannings et à l’optimisation de l’organisation des soins. Interrogés sur les avantages d’une telles organisation, les personnels citent l’augmentation du nombre de jours de repos, la réduction des déplacements, une vie socio-familiale plus satisfaisante, une meilleure répartition du travail et une meilleure adaptation à l’organisation médicale. Au titre des inconvénients, ils listent, entre autres, fatigue, troubles du sommeil et veineux, irritabilité, baisse de vigilance ou encore l’absence de dîner en famille en cas d’horaires de nuit.
Horaires de nuit sur la base du volontariat
Personnels ou cadres, tous sont pourtant conscients des effets négatifs à court terme de cette organisation sur leur santé. Alors, afin d’établir un compromis entre organisation du travail et vie privée, l’ANMTEPH a formulé une série de recommandations :
– ne pas mettre en place les 12 h dans les services à activité régulière et intense ou à affectifs réduits, ni dans ceux accueillant des patients déments ;
– ne pas prévoir d’horaire en 12 h en roulement jour et nuit ;
– garantir le strict volontariat pour les horaires de nuit, y compris pour les nouveaux embauchés ;
– limiter le travail en 12 h à deux jours de suite maximum ;
– garantir aux personnels travaillant en 12h un minimum de deux jours de repos suivis ;
– organiser de réelles pauses dans un lieu confortable ;
– fournir gratuitement des chaussettes de contention ;
– évaluer l’absentéisme maladie, les accidents du travail et maladies professionnelles et événements indésirables graves impliquant les personnels travaillant en 12h ;
– organiser leur suivi médical standardisé.
Par ailleurs, un groupe de travail dédié à l’analyse du travail en 12 h – mis en place en avril 2014 par la DGOS à la demande de la commission hygiène, sécurité et conditions de travail du Conseil supérieur de la FPH – doit faire connaître le fruit de ses travaux d’ici fin juin.
Cécile Almendros
Les dernières réactions
-
Le titre est bien posé et l'article est une parfaite synthèse du problème.
Peut-être n'y a-t-il pas assez de recul, mais que pourraient-être les effets à long terme ? -
Évaluation de l'absentéisme déjà calculé ?
-
Évaluation de l'absentéisme déjà calculée ?
-
J'ai réalisé une étude sur la santé des soignants en 12h vs 8H. Je ne suis pas du même avis concernant les 12h. Certes travailler durant 12h est fatiguant, mais 1) le temps de repos plus important permet de mieux se reposer et 2) les horaires de travail e
-
Il semble toutefois que le travail en 12 heures ait un impact négatif sur la santé ; il serait donc paradoxal de nuire à celle-ci pour en limiter les dépenses, j'avoue que j'ai du mal à comprendre.
-
les études ne sont pas unanimes sur le travail en 12h et son impact sur la santé. Il y a autant d'études qui disent que c'est négatif que d'études qui disent que c'est positif. Ce n'est pas les "12h" qu'il faut interroger mais plutôt ce qu'il y a autour :
-
oui, plus de temps de repos pour l'infirmière..
oui l'employeur ne doit pas engager plus de personnel...
quid de la vigilance de l'infirmière en fin de journée ?
quid de la sécurité du patient ,
qui veut on favoriser : l'employeur, l'infirmière ou é -
Mais ça suffit ce débat! C'est un faux débat qui dépend principalement de comment chaque individu s'est organisé pour la garde des enfants.
Je travaille en 12h ,de jour, depuis 17 ans et je peux vous garantir que mon nombre de jours de repos est jalous -
qui souhaite travailler en 12h dans un service ou la folie est présente, la violence, les cris et l'agitation est quotidienne, en 8h c'est déjà épuisant, je n'imagine pas ce que cela peut donner en 12h00?
Et puis comme toujours , ce n'est pas une questi -
en ce qui me concerne, je suis IDE dans une clinique psychiatrique
je travaille en 12 h mais cela a été imposé par la direction !
nous effectuons 3 jours de travail puis deux repos et inversement
mais le plus grave est pour mes collègues de nuit qui tr -
j'ai fait déjà plus de 10 ans en 3x8 puis 3x9 et je suis en 12h depuis plus de 10 ans . Ma journée de travail en 12 h est bien rempli mais au final je ne me pose moins la question si j'ai tout fait . Je peux répartir mes soins qui ne dépendent d'un horai
-
la vérité c'est que près de 60% des agents qui travaillent en 12heures ont un autre boulot à coté.... Ne serait-il pas plus logique d'envisager une revalorsation des salaires???
-
la vérité c'est que plus de 60% des Agents qui travaillent en 12h ont une autre activité, (pompier volontaire, garde malade...etc... ) sans parler des mères de famille. le problème n'est-il pas plutôt la revalorisation des salaires de la FPH pour fidélise
-
La réaction a été supprimée car elle ne respecte pas la charte du site.
À découvrir
Toutes nos formations pour les professionnels de santé.
- Gestes & soins d'urgence
- Douleurs
- Management
- Droit & éthique
- SST
- Santé mentale & handicap