« Un rêve infirmier devenu réalité » | Espace Infirmier
 

09/09/2014

« Un rêve infirmier devenu réalité »

L’ARS Ile-de-France vient de valider un protocole de coopération qui autorise un IDE à pratiquer une échographie des membres supérieurs en lieu et place d’un médecin. Co-rédactrice, Valérie Achart-Delicourt, cadre paramédicale du pôle Infections-Immunités-Inflammations du GH La Pitié-Salpêtrière-Charles Foix, explique la démarche.

Espaceinfirmier.fr : Pour quelles situations de soins ce protocole est-il pensé ?

Valérie Achart-Delicourt: Il s’agit d’effectuer des ponctions veineuses des patients au capital veineux compliqué sans douleur et en un seul geste. Pour éviter plusieurs ponctions et minimiser la douleur, l’infirmier utilise un appareil d’échographie –il en existe désormais de la taille d’un GPS- grâce auquel il repère l’endroit où piquer. Cela concrétise le rêve de toute infirmière de ponctionner bien du premier coup!

Comment l’idée a-t-elle germé ?

Ce protocole est né dans le service de rhumatologie du Pr Fautrel, à La Pitié-Salpêtrière, à l’initiative de deux personnes : le Pr Bourgeois, ancien chef de service, et moi-même. Nous avons tous deux perdu des proches pour lesquels la moindre ponction veineuse était devenue douloureuse. L’idée lui est alors venue de détourner un petit appareil d’échographie pour en faire un outil d’aide au repérage des vaisseaux praticables. J’ai ensuite rédigé le protocole avec Jamila Rouabah, cadre supérieure de santé.

Quelles en sont les vertus?

Pour le patient, moins de ponctions et de douleur. Pour le médecin, plus de temps pour se consacrer à d’autres tâches médicales puisqu’on fait moins appel à l’anesthésiste pour poser un cathéter, comme cela finit par arriver quand on pique plusieurs fois en vain. Au passage, le risque infectieux diminue d’autant. Et pour l’IDE délégué, une extension du champ de ses compétences.

Avez-vous rencontré des difficultés pour mener à bien ce projet ?

La procédure pour faire aboutir un protocole de coopération est longue et complexe. Celui-ci nous a pris quatre ans. Avant la coopération, nous avons voulu faire un PHRI (1) sur cette utilisation particulière de l’échographie, mais cela n’a pas été validé. Notre filière métier ne nous autorise pas à utiliser l’échographie, mais la communauté des radiologues a compris qu’il n’y avait pas de dimension diagnostique, seulement une aide à la ponction. J’insiste sur le fait que c’est une coopération qui n’est pas classique, presque une innovation car aujourd’hui, personne n’a mis sur le marché d’appareil à échographie pour cet usage.

Ce protocole a-t-il vocation à essaimer ?

Bien sûr ! Chez nous d’abord, mais le cadre est très contraint : nous devons faire un dossier de contractualisation pour chaque IDE désireux d’adhérer. Nous n’avons pour l’heure qu’un appareil, qu’on fait tourner sur le pôle : quand quelqu’un en a besoin, il fait appel à Christian L’Amour, l’infirmier opérationnel, qui forme à son tour ses collègues petit à petit sur le mode du compagnonnage. Les services du pôle anesthésie-réanimation nous sollicitent parfois. Par la suite, on souhaite avoir un ou deux appareils supplémentaires et un binôme médecin-infirmier coopérant dans chaque service. D’autres régions voudront sans doute s’y mettre, même si un problème persiste pour tous les protocoles de coopération : celui de la tarification des actes infirmiers. Nous n’avons pas de réponse aujourd’hui, ni en termes financiers, ni en termes de statut. On le fait à moyens constants. Cela freine peut-être certaines équipes.

Propos recueillis par Cécile Almendros


1- Programme hospitalier de recherche infirmière.

Les dernières réactions

  • 11/09/2014 à 04:26
    SOLEIL
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    OH
    ET OU LE SAVOIR FAIRE DES NOS DOIGTD DES FEE?
  • 17/09/2014 à 11:51
    Yeden
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    Excellente initiative, en espérant que ce protocole soit appliqué partout et dans tout les services.
    J'ai pu travailler en hôpital de jour, service dans lequel ce type de protocole aurait été grandement bienvenu, autant pour les patients que les soignan
  • 17/09/2014 à 15:17
    Pimendor
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    ça à l'air très bien, mais combien coûte l’échographe miniature, dans mon établissement nous avons déjà un mini échographe pour évaluer le volume résiduel vésical, ce qui nous permet aussi de détecter un globe vésical, mais il coute très cher et à manipul
  • 24/02/2015 à 11:26
    peka
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    Alors ils n'ont rien inventé du tout, on fait ça depuis des années!!
  • 31/12/2017 à 13:14
    N Sanchez
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    Bonjour,
    Rien n'interdit à un infirmier (ou à un kiné d'ailleurs) d'utiliser l'échoscopie comme outil complémentaire à l’examen clinique à l’instar d’un tensiomètre ou d’un stéthoscope, sauf le manque de formation technique lors de la formation initiale.