Une mobilisation féminine de masse | Espace Infirmier
 

14/07/2014

Les infirmières dans la Grande guerre - 1/4

Une mobilisation féminine de masse

Elles ont été 500 000, encadrées par 6000 professionnelles (1), à faire leur entrée dans le monde de la santé. Au cours de la Première Guerre mondiale, qui a fait en France plus de deux millions de morts et quatre millions de blessés, les infirmières bénévoles ont été sur tous les fronts.

Quand éclate la Première Guerre mondiale, l’opinion publique française est déterminée à prendre sa revanche sur l’Allemagne, qui lui a dérobé l’Alsace et la Lorraine à l’issue de la guerre de 1870. Toute une génération d’hommes gagne avec enthousiasme les trains de mobilisation, imaginant la victoire à portée de fusil. Les responsables militaires croient à une guerre courte et l’impréparation des services sanitaires est criante : on recense alors moins de 100 infirmières militaires et 10 000 infirmiers, non formés, qui seront progressivement envoyés au combat.

Hôpital temporaire

Des « auto-chir » pour opérer les cas les plus urgents

Pour combler ce manque, les « dames de la Croix-Rouge » seront les bienvenues. En 1914, elles sont 250 000 adhérentes. Ces auxiliaires de santé bénévoles sont mobilisées et affectées à des hôpitaux auxiliaires, gérés par
la Croix-Rouge sous l’autorité du service sanitaire de l’armée. Tout au long de la guerre, leurs rangs ne cessent de grossir. En 1918, les hôpitaux auxiliaires seront au nombre de 14 000, avec un total de 120 000 lits. Parallèlement, des bénévoles
se présentent dans les hôpitaux permanents, dont une part importante du personnel est envoyée au front.

Mais, la guerre qui devait être courte s’enlise dans les tranchées, où sont reclus les soldats, à la merci de l’artillerie ennemie. On s’aperçoit que les plaies de la guerre
ne sont pas aseptiques, contrairement à ce que l’on avait pensé au début du conflit. Les blessés doivent être soignés
le plus vite possible, à proximité de la ligne de front. L’obligation qui était faite aux infirmières de se cantonner
à l’arrière doit être levée dès 1915. Des hôpitaux se mettent
en place, à une dizaine de kilomètres du front, assez loin
pour échapper aux tirs et assez près pour intervenir
au plus vite. Les blessés sont évacués par trains sanitaires.

En 1915, l’apparition des « auto-chir » permet d’opérer
les cas les plus urgents. 850 infirmières seront affectées à ces unités mobiles; 74 d’entre elles seront tuées.

Sur tous les fronts

Les dames blanches sont partout : au front, dans les gares, où elle distribuent pansements et nourriture aux évacués, et à l’arrière, dans des hôpitaux de plus en plus spécialisés. Elles réconfortent et prennent soin des soldats aux « gueules cassées », de ceux qui ont été gazés ou encore des « réformés n°2 », à l’amour-propre blessé : ils ont dû abandonner le combat pour avoir contracté la tuberculose dans les tranchées. Elles soignent également la population civile, rendue malade par la dégradation des conditions de vie qu’a entraînée la guerre et par la grippe espagnole, qui fait des ravages à partir de 1917.

Soin

Texte: Marie-Capucine Diss
Photos:
Historial de la Grande Guerre – Péronne (Somme) et © Yazid Medmoun


1- Selon les estimations de Léonie Chaptal, citée par Yvonne Knibiehler dans Cornettes et blouses blanches, Éd. Hachette, 1984.


Légendes photos (de haut en bas):
- Une infirmière soignant la main d'un blessé (deux pieds gelés) allongé sur une table pliante en bois, sous le regard d'un médecin et de deux hommes du service de santé.
- Dans un hôpital temporaire, vue sur différentes salles fermées par un rideau, relevé en drapé pour la photographie, où se trouvent des infirmières, des hommes en blouse blanche et en uniforme ainsi que du matériel médical. La partie haute de l'entrée de chaque pièce est décorée de fleurs peintes. La première pièce est chauffée par un poêle. Des caillebotis forment une allée centrale.
- Un homme bandé aux deux bras se faisant panser la tête par une infirmière en robe et voile blancs dans un intérieur. À sa droite, un infirmier en chemise et tablier blancs, tenant des ustensiles (bouteille, ciseaux, pansements...).


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