Une enquête sur le harcèlement au bloc | Espace Infirmier
 

31/03/2014

Une enquête sur le harcèlement au bloc

L’Union des associations d’infirmières de bloc opératoire s’associe à la Sfar pour relayer un questionnaire anonyme. IDE, Ibode et Iade sont invitées à témoigner de leur vécu du harcèlement au sein de ce lieu clos, où s’exercent de fortes contraintes hiérarchiques dans une grande promiscuité.

« On en parle, on le voit, on le vit, mais il n’existe aucune donnée sur ce fait en France, constate le Dr Anissa Belbachir, anesthésiste-réanimateur à l’origine d’une enquête sur la prévalence du harcèlement dans les blocs opératoires. Or, beaucoup de gens sont malheureux, et la profession présente un taux de suicide très élevé», relève-t-elle. Sous l’égide de la Société française d’anesthésie-réanimation (Sfar), cette professionnelle de l’hôpital Cochin (AP-HP), qui co-écrit actuellement un ouvrage sur les rapports hommes-femmes dans l’univers médical si spécifique du bloc opératoire, a élaboré un questionnaire en coopération avec le Dr Jean-Pierre Estèbe, du CHU de Rennes.

Anonyme et accessible en ligne, il s’articule en sept parties et s’adresse aux intervenants du bloc opératoire, tant aux victimes qu’aux harceleurs potentiels ou aux témoins directs. Cette enquête permettra de définir les types d’abus constatés, les circonstances dans lesquelles ils se produisent, leur retentissement sur l’activité du service et le soutien qui est accessible et/ou connu des victimes.

"La pression n'excuse pas tout"

L’Union nationale des associations d’infirmiers de bloc opératoire (Unaibode) s’est associée à la Sfar afin de relayer la diffusion du questionnaire. « Notre organisation n’a jamais été directement interpellée sur une situation précise, remarque Brigitte Ludwig, la présidente. Mais, des histoires circulent : des cris, des propos déplacés en dessous de la ceinture, le refus de travailler avec certains agents.» Des comportements souvent tolérés en raison du niveau de stress qui règne généralement au bloc. « Souvent, les Ibode acceptent parce qu’elles savent la pression qui pèse sur le chirurgien et que des vies sont en jeu, poursuit Brigitte Ludwig. Mais, cela ne doit pas tout excuser. » 

Pour l’heure, d’après Anissa Belbachir, de nombreux formulaires ont déjà été complétés par des anesthésistes-réanimateurs, des Iade et des Ibode. « J’ai remarqué très peu de réponses de chirurgiens, et aucune d’aide-soignante ou de brancardier. » Les premiers résultats de l’enquête seront divulgués lors du prochain congrès national de la Sfar, en septembre 2014.

Sandra Mignot
Photo: © Maridav - Fotolia.com

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