Antibiotiques : attention aux impacts sur la flore intestinale | Espace Infirmier
 

05/06/2019

Antibiotiques : attention aux impacts sur la flore intestinale

Bien que présentant des avantages incontestables en termes de santé publique, les antibiotiques doivent cependant être prescrits avec une « approche écologique » pour la préservation du microbiote intestinal, selon le Pr Christophe Burucoa, bactériologiste au CHU de Poitiers.

Lors du 30e Congrès annuel de la Société française d'hygiène hospitalière (SF2H), qui s'est tenu du 5 au 7 juin à Strasbourg, Christophe Burucoa, chef de service Bactéries et hygiène du CHU de Poitiers, a souligné l'impact des antibiotiques sur la flore intestinale. « Les antibiotiques rendent possibles l'émergence et la diffusion des résistances BMR et BHRe. Ils ont aussi des conséquences sur le microbiote intestinal, puisqu'ils induisent une rupture de l'effet barrière vis-à-vis des bactéries exogènes. A plus long terme, ils peuvent être responsable d'une dysbiose » a-t-il remarqué.

La dysbiose, ou déséquilibre de la flore intestinale, est aujourd'hui soupçonnée d'être impliquée dans la survenue du cancer colorectal, du syndrome de l'intestin irritable, de la maladie de Crohn, de la rectocolite hémorragique, de l'obésité, du diabète, mais aussi, de l'asthme, d'allergies, voire de troubles du spectre autistique. « Notre intestin peut être considéré comme notre deuxième cerveau : il contient 100 millions de neurones, mais aussi 70 % de nos cellules immunitaires » , a développé Christophe Burucoa.

Plusieurs facteurs modulent l'impact des antibiotiques sur le microbiote intestinal : le spectre de l'antibiotique, mais aussi la voie d'administration, le site d'absorption ou encore la voie d'élimination. Ainsi, la vancomycine n'entraîne que des changements mineurs sur le microbiote intestinal lorsqu'elle est administrée par voie systémique, alors qu'elle cause une dysbiose prolongée lorsqu'elle est prise par voie orale. « Il convient donc d'adopter une approche écologique pour la biodiversité interne, afin de prévenir la dysbiose, et d'intégrer ces paramètres dans la prescription d'antibiothérapies », a conclu le bactériologiste.

Lisette Gries

Microbiote, késako ?

« Le microbiote est composé de l'ensemble des bactéries, champignons et micro-organismes présents en grand nombre dans l'organisme. Chaque organe est une niche écologique spécialisée. Le microbiote intestinal est le plus important », a détaillé le Pr  Christophe Buruoca. Il comporte plus de 1000 espèces, dont la densité augmente au long du tractus digestif.
Dans l'estomac, on compte autour de 10 à 1 000 bactéries/gramme ; dans les selles, on en dénombre de 1 000 à 100 000 milliards/gramme. « Le premier ensemencement a lieu à la naissance, puisque le bébé est recouvert de la flore de la mère. Le microbiote s'installe ensuite par paliers successifs, liés à l'alimentation de l'enfant et à ses contacts avec d'autres bactéries, pour atteindre sa composition stable vers 2 ou 3 ans. »

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