Déserts médicaux : un maire court pour soutenir son hôpital | Espace Infirmier
 

23/03/2019

Déserts médicaux : un maire court pour soutenir son hôpital

Un maire qui part en courant à Paris pour interpeller le ministère de la Santé contre le projet de fermeture d’un hôpital de sa commune, cela pourrait bien devenir le symbole de la politique d’optimisation et de fermeture des petites structures hospitalières à l’œuvre en France.

Près de 200 personnes ont répondu à l’appel des syndicats de l’hôpital de Roquefraîche, à Lauris (Vaucluse) et du maire de la commune, samedi 23 mars, pour soutenir les 80 salariés de la petite structure publique que les autorités sanitaires souhaitent fermer dans quatre ans. André Rousset, premier édile, est arrivé sur le rond-point du village en tenue de course. « Je me sens remonté contre la République qui ne voit que l’aspect économique de la santé et pas l’aspect humain. J’ai interpelé deux fois la ministre depuis 2017, elle m’avait affirmé qu’elle préférerait convertir le site plutôt que le fermer. Aujourd’hui, elle ne répond plus à mes appels.»  Le maire part défendre les emplois et la continuité des soins. « On est le quatrième département le plus pauvre de France, on manque de tout et on veut fermer un site de soin d’exception pour les habitants. De plus, avec les nouvelles lois autour des GHT, les élus sont exclus des décisions. »

Une activité pneumologie unique dans la région

L’hôpital, situé à 28 km de Cavaillon et 40 km d’Aix-en-Provence, est le seul de la région à proposer des lits SSR (soin de suite et de réadaptation) pneumologie avec un taux de remplissage quasiment toujours de 100 %. L’établissement est par ailleurs un Ehpad public. « L’activité de pneumologie est d’autant plus justifiée par la situation écologique mais aussi sociale. C’est un outil de santé publique », peut-on lire dans un communiqué commun CGT-FO-CNI. À la fermeture, le personnel devrait être déplacé vers le site du centre hospitalier de Cavaillon qui a déjà repris une partie des consultations.

Les infirmières déplorent des conditions qui se détériorent depuis quelques années. « D’abord, ce sont les contrats d’ASH qui ont été supprimés pour passer en gestion privée. Ensuite, des arrêts maladie et des départs à la retraite n’ont pas été remplacés », regrettent Pascale et Françoise, IDE de l’hôpital menacé.

« On se bat pour que Paris n’oublie pas la ruralité »

Aux côtés des nombreux soignants de l’hôpital mais aussi de structures environnantes, des élus locaux et le député du Vaucluse, Jean-Claude Bouchet, exigent également la réhabilitation du site et le maintien des activités. « J’ai interpelé la ministre de la Santé, lors du travail à l’Assemblée sur le projet de loi Santé, sur le cas de l’hôpital de Roquefraîche. J’espère que l’action va créer le buzz parce qu’on se bat ici pour que Paris n’oublie pas la ruralité ! », explique l’élu.

À quelques kilomètres de là, l’Ehpad de Cucuron, jadis menacé de fermeture, est finalement resté ouvert, à la suite notamment de la mobilisation du personnel. Un espoir pour la population et les soignants.

Sandrine Lana


André Rousset et les soignants de Roquefraîche.

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