Sous-financée, l’aide à domicile serait « prête à mourir » | Espace Infirmier
 

13/01/2019

Sous-financée, l’aide à domicile serait « prête à mourir »

La concertation sur le « grand âge et l’autonomie » vient de s’achever. Un projet de loi doit être présenté au printemps. L’Una, qui regroupe 800 structures non lucratives de l’aide à domicile, réclame 1,7 milliard d’euros d’investissement en faveur de l’aide à domicile.

« L’aide à domicile est en train de mourir » met en garde Guillaume Quercy, le président de l’Union nationale de l’aide, des soins et des services à domicile (Una). « Les personnes âgées sont en train d’en pâtir », renchérit Ronald Lozachmeur, directeur général d’Assia réseau Una, une association de 450 salariés d’Ille-et-Vilaine. L’UNA réclame un investissement de 1,7 milliard d’euros dans le secteur, alors que se clôt la concertation sur un futur projet de loi « grand âge et autonomie ».

Pour Guillaume Quercy, dans toutes les réflexions sur le vieillissement, « le maître mot est le domicile. C’est ce qu’attendent les Français. » Pourtant, 45 % des structures d’aide à domicile déclarent ne pas pouvoir prendre en charge l’intégralité des demandes, qui ne cessent d’augmenter, selon un sondage commandé par l’Una à l’institut Opinionway auprès de 256 directeurs. La raison principale : « les difficultés à recruter. 47 % des structures déclarent avoir toujours des postes vacants ».

« Nous avons les plus grandes difficultés à recruter, parce que les métiers ne sont pas attractifs, explique Guillaume Quercy. Le salaire moyen est de 1106 euros, en-dessous du Smic, car ce sont souvent des temps partiels. Nos salariés sont au niveau du seuil de pauvreté. » Ronald Lozachmeur explique que « la plupart des personnes formées préfèrent travailler en établissement, où elles sont mieux payées. À domicile, il faut avoir un véhicule, l’entretenir. » « Et nos indemnités kilométriques n’ont pas été réévaluées depuis plus de dix ans », renchérit Guillaume Quercy. Ce constat recoupe celui de la concertation citoyenne sur le « grand âge et l’autonomie » réalisée fin 2018 par le ministère de la Santé. L’une des principales propositions est d’« améliorer les conditions de travail des personnels d’aide et de soin : revalorisation des salaires, renforcement des effectifs, formation et développement des matériels d’aide ».

Davantage de moyens

Concrètement, l’Una réclame une revalorisation des tarifs au niveau du coût réel des services à domicile : « Les pouvoirs publics les ont eux-mêmes évalués à 25 euros de l’heure, nous sommes en réalité payés 21 euros », affirme son président. L’association veut aussi une augmentation de 20 % des salaires dans le secteur, à la hauteur de ceux des établissements sociaux et médico-sociaux, ainsi qu’une revalorisation des indemnités kilométriques. L’Una propose enfin une refonte globale des secteurs de l’aide à domicile et du médico-social, grâce à un pilotage unifié par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), qui deviendrait « la caisse du 5e risque ».

Dans le débat sur le futur projet de loi «  grand âge et autonomie », l’économie sociale et solidaire apparaît en réalité divisée. La Mutualité française, dont les membres gèrent 217 Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), 46 résidences autonomie, et 182 services et antennes de soins et d’accompagnement à domicile, a elle aussi avancé ses propositions le 20 décembre dernier. Elle se prononce pour « faire du domicile la priorité de la politique de l’âge », mais en faisant des Ehpad et de ses infirmières le « pivot du dispositif ».

Caroline Coq-Chodorge

POUR ALLER PLUS LOIN...
Enjeux éthiques du vieillissement : l'interview de Régis Aubry, membre du Comité consultatif national d'éthique (CCNE), paru dans Objectif Soins et Management (réservé aux abonnés)


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