Psychiatrie : une 4e année de spécialisation ? | Espace Infirmier
 

18/07/2018

Psychiatrie : une 4e année de spécialisation ?

Le Groupement hospitalier de territoire (GHT) Psychiatrie Nord-Pas-de-Calais réclame la création d’une quatrième année de spécialisation des infirmières en psychiatrie, afin de faire face à l’évolution de l’exercice du métier. Une demande adressée fin juin au ministère de la Santé.

L’évolution de la prise en charge des patients dans le champ de la psychiatrie a conduit le GHT Psychiatrie Nord-Pas-de-Calais, qui emploie 2100 infirmières au sein de quatre établissements, à revendiquer la création d’une quatrième année de spécialisation des infirmières en psychiatrie pour combler les lacunes des soignants exerçant dans le secteur.

Pour justifier sa demande, le GHT explique que les prises en charge dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale, ainsi que l’organisation des soins sur le territoire, ont profondément évolué : déstigmatisation croissante de la discipline, prises en charge « hors les murs », essor considérable du virage ambulatoire ou encore, développement d’interfaces avec le champ médico-social… Des évolutions qui se traduisent par une augmentation de la file active des patients pris en charge, une réduction « drastique » du nombre de lits d’hospitalisation au bénéfice de l’ambulatoire ou encore, une activité en hospitalisation « plus concentrée » sur des cas par nature plus complexes.

L’exercice du métier d’infirmier s’en trouve directement affecté car les soignants ont dû accompagner une psychiatrie « plus active », technique et ouverte, alliant transversalité et diversification des acteurs du champ sanitaire, social, médico-social, sans oublier la place considérable des représentants des usagers, des associations et des familles.

Des conséquences sur la pratique

Face à la complexification du métier, « aujourd’hui, force est de constater que nos professionnels infirmiers souffrent d’un défaut de formation initiale pour accompagner ces évolutions majeures », explique la direction générale dans son communiqué. Les conséquences peuvent être graves au niveau de la qualité et de la sécurité des soins dispensés aux patients, mais aussi pour les professionnels de santé insuffisamment formés aux différentes symptomatologies cliniques rencontrées. Pour compenser ces lacunes, les établissements mettent en place des formations continues ou des tutorats, qui ont leur limite en termes de coût et d’inégalité d’organisation en fonction des établissements.

Face à cette situation, « il devient urgent de renforcer la formation initiale des infirmières par une quatrième année de spécialisation pour celles appelées à exercer dans le champ de la psychiatrie et de la santé mentale, eu égard aux spécificités reconnues de cette discipline médicale », conclut la direction.

Pour Jean-Paul Lanquetin, infirmier de secteur psychiatrique, fondateur du Groupe de recherche en soins infirmiers et membre du Centre ressources métiers et compétences (CRMC) en psychiatrie, cette demande est légitime et ce depuis 25 ans. « Il s'agit d'une demande récurrente des associations professionnelles des infirmiers en psychiatrie, mais cela n'a jamais abouti, regrette-t-il. Depuis la suppression du diplôme dédié en 1992, nous avons perdu 94 % des contenus en formation initiale, ce qui a évidement des conséquences aujourd'hui. » De fait, selon l'infirmier, des compétences généralistes fondamentales sur le cœur du métier sont à acquérir, tout comme des compétences spécialisées pour répondre à l'évolution de la pratique et de la prise en charge.

Laure Martin

Les dernières réactions

  • 18/07/2018 à 16:34
    Pierre
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    C'est une évidence : la psychiatrie est une SPECIALISATION à part entière !
  • 26/07/2018 à 08:57
    patrick
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    IDE de formation souhaitant exercé en psychiatrie, j'ai eu la chance de pourvoir reprendre le cursus de formation ISP qui m'a permis d'aborder des champs de la psychiatrie, de la santé mentale ainsi que de travailler sur les comportements à adopter, la manière d'être au travers de dynamique de groupe, jeux de rôle...... qui m'ont apportés des outils indispensables pour aborder la prise en charge des personnes et comprendre la symptomatologie et adapter la réponse soignante. Il est bien évident que ces temps de d'observation, de réflexion et de prise de recul n'avait pas été abordé dans mon cursus initial. Je comprends parfaitement que les jeunes IDE se sentent démunis voir apeuré devant une symptômatologie délirante, de l'agressivité... pour lesquels ils ne sont pas formés et qui se montre à la fois préjudiciable pour les patients et les soignants.
    Fusionner 2 programmes de 33 mois en un seul programme ne pouvait qu'entraîner une perte qualitative de formation (CQFD) dont l'approche des personnes en somatique et bien différente des personnes présentant des troubles mentaux. Harmoniser et uniformiser certes mais peut-on Harmoniser et uniformiser la personne Humaine ? Là est peut-être la question
  • 29/07/2018 à 17:41
    Patu H.
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    Pourquoi pas ? Mais tant que l'on oubliera, que la psychiatrie n'est pas qu'une branche de la médecine
    ... et que la "patience" est une vertu première, dans ce qui est avant tout, une "science humaine" avant d'être un paragraphe d'un D.S.M. quelconque ...
    Nous avons "en charge " les personnes sans doute les plus en difficulté, les plus "pauvres" à tout point de vue, que ce soit socialement ou affectivement .
    Mais le plus grave à mon avis, c'est qu'elles sont victimes de ce que j'appelle la "double peine" , non seulement : " je souffre psychiquement, mais en plus j'en ai honte " ...
    Et là, une année de plus, en fait une simple année dédiée à la psychiatrie, me paraît bien insuffisante ... mais je peux me tromper, non ?
  • 29/07/2018 à 22:38
    Pierre
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    Je vous rejoins tous les deux. Par ailleurs, 1 seule année de plus c'est environ 1200 heures... donc c'est toujours bon à prendre pour approfondir la discipline. Enfin, les spécialisations actuelles s'orientant toutes vers une homogénéisation de 2 ans... il y a fort à parier qu'une éventuelle spécialisation en santé mentale suive le même schéma.

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