Burn-out : cadres de santé sous haute tension | Espace Infirmier
 

30/05/2018

Burn-out : cadres de santé sous haute tension

Pour la première fois, le burn-out des cadres de santé fait l’objet d’une recherche. Présentés le 29 mai au Salon Infirmier, les résultats montrent à quel point cette catégorie professionnelle est touchée par ce syndrome psychologique.

23 %, c’est le pourcentage de cadres de santé qui ressentent l’ensemble des symptômes de l’épuisement émotionnel « plusieurs fois par semaine » ou « tous les jours ». Un score moyen très élevé et bien plus que chez les médecins, voire d’autre professions déjà analysées. « À ma connaissance, c’est la première étude sur le burn-out, et plus généralement, sur les conditions de vie au travail des cadres de santé, précise Didier Truchot, professeur de psychologie sociale à l’Université de Bourgogne Franche Comté, et co-auteur avec Ivanne Bestagne de l’étude(1) réalisée en partenariat avec Objectif soins & management. Nous avons voulu faire une photo de la situation en mesurant le burn-out à partir de deux dimensions centrales de ce syndrome psychologique que sont l’épuisement émotionnel et le cynisme. Puis nous avons analysé les stresseurs auxquels ces professionnels font face. » 

Des indicateurs pas nouveaux

Les stresseurs se répartissent en quatre grandes catégories. On y trouve la charge de travail qui peut prendre plusieurs formes : la quantité de travail bien sûr mais aussi la pression du temps et la nécessité de travailler dans l’urgence, et enfin, l’obligation de devoir réaliser un travail morcelé. Et c’est incontestablement cette charge de travail qui est le facteur de stress le plus fortement associé à l’épuisement émotionnel. La solitude et le manque de reconnaissance est le second facteur associé à l’épuisement émotionnel. C’est aussi le facteur le plus associé au cynisme. Il est à noter que lorsque les cadres ont une délégation de gestion pour le budget formation de leurs agents, ou encore mieux, lorsqu’ils sont décisionnaires dans le recrutement de leurs agents, ils souffrent alors moins de cynisme.

La troisième catégorie pointe la nécessité de devoir occuper des rôles incompatibles entre eux. D’un côté, des objectifs de rentabilité, et de l’autre, la qualité des soins. Au centre de cette dualité, le cadre de santé éprouve très souvent un sentiment de tiraillement. « Lorsqu’une personne est confrontée à des attentes opposées, elle ressent un conflit psychologique, que l’on nomme conflit de rôle, source de tension et de stress », précise Didier Truchot. Enfin, la dernière grande catégorie renvoie aux relations conflictuelles avec les patients, et éventuellement leur famille. Mais là, les résultats montrent que ces difficultés passent au second plan et ne sont donc pas associées directement au burn-out des cadres de santé.

Incontestablement, c’est l’organisation dans son ensemble qui pose question, et est à repenser. Cette étude, rendue possible grâce à un questionnaire détachable inséré dans la revue Objectif Soins & Management de décembre 2017 et dont les résultats sont publiés de manière plus large dans le numéro d’avril-mai, appelle une suite.

Isabel Soubelet

(1) Didier Truchot et Ivanne Bestagne, Laboratoire de Psychologie, Université de Bourgogne-Franche-Comté.


LiRE AUSSI :

- "Le burn-out des cadres infirmiers : première étude nationale", dans Objectif Soins & Management

Les dernières réactions

  • 30/05/2018 à 14:14
    elpass
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    C est ce qui m est arrivé...surcharge de travail (5 services à gérer dans un contexte de réorganisation des trames des soignants). Mon burn-out a ete reconnu en maladie professionnelle par la CPAM. Je n ai jamais repris mon travail : retraite. 4 ans après, je reste toujours très fatigable.
  • 30/05/2018 à 14:55
    blaise
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    Ce qui est surprenant c'est qu'on en parle que maintenant.
  • 16/02/2019 à 19:22
    Anna52
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    Bonjour, je suis cadre de santé dans un hôpital psychiatrique . Depuis l'arrivée de ma nouvelle chef ,cela fais deux ans, je me sens très mal . Elle ne me considère pas , fais preuve de cynisme mon égard, manie l'injonction paradoxale, me dévalorise etc.... je n'en peux plus . Elle va me trainer devant on N+2 pour me descendre la semaine prochaine . Je suis déjà allée a la médecine du travail qui voulait m’arrêter mais je n'ai pas voulu en passer par la . Cependant je suis épuisée psychiquement et physiquement et je cache l'angoisse qui me saisie quand je vais au travail tout les jours . Je me sens nulle et incompétente . Je dois retourner voir la médecine du travail et je me demande si je ne vais pas arrêter la car je n'arrive plus a trouver le désir et l'envie de travailler et surtout devant les équipes j'ai peur de craquer . Je pleure tout les jours avant et après le travail et parfois je me cache dans les toilettes tant j'angoisse et je perds le gout de tout ....Avez vous un conseil pour m'aider , comment puis je faire pour que cela cesse ?. merci our votre aide .
  • 03/02/2020 à 14:32
    Sof
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    Bonjour,
    Puis-je être mise en contact avec elpass ?
    Merci
  • 15/07/2020 à 23:15
    cravache
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    Un mal être qui peine à se montrer dans une profession ou la plainte est vue comme une faiblesse. Le pire, je crois, c’est qu’il y a à la fois l’épuisement et bien souvent,une forme de maltraitance institutionnelle quand ce n’est pas le harcèlement sous toutes ses formes les plus sournoises. La santé n’est pas un havre de paix aujourd’hui moins qu’hier et c’est encore un lieu de silences et de tabous. Je le vis et je le paie.

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