Monsieur le Président, les soignants vous font une lettre...

« Notre idée d’écrire ce courrier est partie de l’exaspération des professionnels de santé, fait savoir Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI). Malgré les grèves, ils ne peuvent pas vraiment faire connaître leurs revendications car les assignations sont nombreuses. » Via cette lettre, le syndicat a donc souhaité donner le moyen aux soignants de s’exprimer, « d’autant plus que la profession est peu syndiquée, ce qui donne l’impression que ce sont toujours les syndicats qui se plaignent », ajoute-t-elle.

Burn out, somnifères et corticoïdes

Que dénonce la CNI ? La dégradation des conditions de travail, liée aux contraintes économiques qui pèsent sur les établissements de santé alors qu’en parallèle, les besoins en soins augmentent. « Les professionnels de santé sont nombreux à décrire une perte de sens de leur métier », indique Nathalie Depoire.

Déjà, en septembre 2016, le syndicat a dénoncé la situation à la suite des suicides de soignants. « En décembre de la même année, Marisol Touraine a présenté sa stratégie d’amélioration de la qualité de vie au travail, mais nous n’avons vu aucun résultat dans les établissements, regrette la présidente de la CNI. Nous notons de plus en plus de suivis psychiatriques de soignants pour épuisement professionnel ou burn out. Les professionnels de santé nous disent prendre des somnifères pour dormir et des corticoïdes pour tenir la journée au travail. On est à flux tendu. »

Une attaque globale contre les services publics

S’ajoutent « les multiples attaques contre le service public et les agents de l’Etat », poursuit la CNI. Et d’énumérer dans le courrier adressé à Emmanuel Macron : gel du point d’indice, suppressions de postes ou encore atteintes aux instances comme les Commissions administratives paritaires (CAP) ou le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).

Le syndicat appelle donc les soignants à s’exprimer via ce courrier. « Nous voulons être entendus et nous souhaitons des mesures concrètes pour améliorer la qualité de vie au travail, car la bientraitance des patients passe par celles des soignants, conclut Nathalie Depoire. C’est d’autant plus important si nous voulons conserver l’attractivité de nos professions. » La lettre devrait être prochainement accessible aux usagers.

Laure Martin