Grève : la rue fait bloc ! | Espace Infirmier
 

22/03/2018

Grève : la rue fait bloc !

Parmi les soignants en grève ce 22 mars contre les projets du gouvernement pour la Fonction publique, les professionnels du bloc opératoire semblent particulièrement mobilisés. Iade et Ibode ont décidé de crier leur ras-le-bol avec les fonctionnaires.

En ce jour de grève dans la Fonction publique, les représentants des Iade et des Ibode ont appelé à défiler aux côtés des enseignants, des cheminots ou encore des contrôleurs aériens dans l’un des 140 cortèges prévus sur le territoire. Les mots choisis pour lancer la mobilisation traduisent le malaise qui règne actuellement dans ces métiers. Le Syndicat national des infirmiers de bloc opératoire (Snibo) dénonce « la politique du surbooking dans les blocs », et le Syndicat national des infirmiers anesthésistes (Snia) considère, pour sa part, que « la comptabilité a pris le pas sur le "prendre soin" ».

   

C’est bien le management hospitalier qui se trouve sur le banc des accusés. « Depuis quelques années, on a vu fleurir dans les réunions de service des présentations sur la rentabilité des blocs opératoires, regrette Emmanuel Barbe, vice-président du Snia. En préambule, on nous parle de manière systématique du taux d’occupation des salles, des temps de dépassement, etc. » Brigitte Ludwig, présidente de l’Union nationale des associations d’infirmiers de bloc opératoire (Unaibode(1)) ne dit pas autre chose : « Les adhérents nous font régulièrement remonter des difficultés liées à la forte pression que génère la tarification à l’activité, remarque-t-elle. Les conditions de travail se sont dégradées, et on constate beaucoup d’arrêts maladie. »

   
   

Ras-le-bloc !

Dans le collimateur des militants, on trouve notamment le recours aux contractuels, que le gouvernement souhaite faciliter avec son projet de réforme de l’État. « Le statut de contractuel met en danger les professionnels et ouvre la possibilité d’un chantage à la titularisation, avertit Emmanuel Barbe. Cela va à l’encontre de la revalorisation des statuts professionnels que nous défendons. » Les 120 000 postes de fonctionnaires qu’Emmanuel Macron souhaite supprimer sont également contraires aux effectifs supplémentaires que Brigitte Ludwig revendique pour sa profession. « Nous constatons beaucoup d’absentéisme, et quand une Ibode est absente, c’est parfois une IDE sans expérience du bloc qui est affectée pour la remplacer, raconte-t-elle. Il faut en général plusieurs mois pour la former, et pendant ce temps, c’est une ressource sur laquelle vous ne pouvez pas compter. »



Sur le terrain, le sentiment est le même. Gregory Chakir, président de l’association Corporation Ibode qui se veut un lien entre les Ibode et leurs représentants, dénonce « les restrictions budgétaires importantes » et le « manque de reconnaissance de la profession ». Il avertit sur l’importance de la souffrance au travail chez ces professionnels, et dit soutenir la mobilisation. Reste à savoir si le gouvernement saura entendre le cri qui monte des blocs.

Adrien Renaud

1. L’Unaibode est une association-sœur du Snibo. Celui-ci n’a malheureusement pas pu être joint dans le cadre de cet article.

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