Étude : infirmière suisse, qui es-tu ? | Espace Infirmier
 

07/02/2018

Étude : infirmière suisse, qui es-tu ?

Un sondage, réalisé par une équipe de sociologues de la Haute École de santé Vaud (Hesav) et de l’université de Lausanne, a permis de dresser le portrait de la profession infirmière en Suisse romande. Premier constat : le milieu hospitalier est un incontournable en début de carrière.

L’âge moyen est de 43 ans. La proportion d’hommes dans la profession est de 16 %. La part d’infirmières étrangères s’élève à 38 %. C’est ce que révèle un sondage, réalisé en 2014 – et publié fin janvier 2018 – par des sociologues de la Haute École de santé Vaud (Hesav) et de l’université de Lausanne, auprès de 2923 IDE de Suisse romande. L’étude révèle une forte diversité des profils et des pratiques du métier :

- 16 % d’hommes. Cette proportion varie selon les secteurs d’activité. Si elle est très faible en pédiatrie, gynécologie et obstétrique (moins de 7 %), elle est, en revanche, élevée aux urgences (26 %), au bloc opératoire (29 %), en psychiatrie (34 %), en anesthésie (59 %) et aux postes de direction (32 %).

- Âge moyen : 43 ans. Un chiffre relativement élevé, d’autant que 30 % des infirmières, âgées de 50 ans et plus, prendront leur retraite au cours des quinze prochaines années.

- Le milieu hospitalier attire les jeunes. Notamment les soins intensifs, la pédiatrie, les urgences, la médecine générale et la chirurgie. En revanche, on retrouve les plus âgés en milieu extrahospitalier, soit en établissement socio-éducatifs, en école ou en pratique libérale.

- 38 % d’infirmières étrangères, dont 31 % de Françaises. Si Genève affiche la plus forte proportion (59 %), le Jura bernois est le moins concerné (20 %). 27 % des IDE exerçant en Suisse romande vivent en France.

- Un revenu mensuel net de 6446 francs en moyenne (ETP). Soit un montant supérieur au salaire de la population active, évalué à 5161 francs (chiffres de l’Office fédéral de la statistique suisse). Les secteurs les mieux rémunérés ? La salle de réveil, la gynécologie et obstétrique, les soins palliatifs…

Des profils divers

Quatre profils d’infirmières ont ainsi été identifiés par les auteurs de la recherche. Des groupes qui se distinguent tant par le secteur d’activité, mais aussi par leurs représentations et pratiques du métier.

Les infirmières ont tout d’abord été réparties en fonction de leurs réponses. Celles situées à droite valorisent davantage la part « technique » du métier, celles sur la gauche plutôt la dimension du « relationnel ». Celles situées en haut ont suivi des formations plus longues et disent mobiliser beaucoup plus de compétences et savoir-faire au quotidien, que celles placées en bas. Ainsi, une infirmière exerçant en anesthésie n’a pas la même représentation du métier qu’une en psychiatrie. Certes, avancent les auteurs, il y des « exceptions »  : « certaines infirmières qui ne se sont pas ″typiques″ du secteur dans lequel elles exercent ». « Les frontières entre les groupes ne sont pas nettes » et il faut garder à l’esprit, rappellent-ils, que « ces résultats révèlent des tendances et non des réalités figées et opposées ».

(GRAPHIQUE 3)

Premier groupe : les conservateurs pragmatiques

Ces IDE (les plus jeunes, soit 38 ans en moyenne), exercent dans des secteurs très médicalisés, soit les soins intensifs, les soins continus, les urgences, le bloc opératoire et l’anesthésie. Ce qui les caractérise ? Des motivations plus techniques que relationnelles ; une forte mobilisation de leurs connaissances en physiopathologie et en utilisation de machines ; une faible affiliation à l’Association suisse des infirmiers et infirmières (ASI)  ; un sentiment d’employabilité élevé ; une conception plutôt conservatrice des relations avec les médecins et un sentiment d’autonomie faible.

Deuxième groupe : la majorité silencieuse

Ces infirmières exercent surtout en pédiatrie, gynécologie, chirurgie, rééducation et médecine, soit des secteurs moins médicalisés que ceux du premier groupe. Ce qui les caractérise ? Une faible mobilisation des compétences et savoirs ; un niveau de formation souvent limité à la formation de base ; un faible sentiment d’autonomie et d’employabilité.

Troisième groupe : recherche et gestion

Ces infirmières exercent un leadership au sein de la profession et se retrouvent surtout dans les secteurs d’enseignement et recherche, ainsi qu’aux postes de management. Ce qui les caractérise ? Une pratique clinique moins fréquente que la moyenne ; des formations longues ; une forte mobilisation de leurs compétences relationnelles, valeurs personnelles et connaissances en recherche ; une forte valorisation de leur autonomie.

Quatrième groupe : stratégie « hétérodoxe »

Ces infirmières exercent principalement en secteur extrahospitalier : école, entreprise, soins à domicile, établissements socio-éducatifs et médico-sociaux, psychiatrie. Ce qui les caractérise ? Un âge moyen élevé (47 ans), une faible proportion d’hommes et d’étrangères, un taux très élevé d’affiliation à l’ASI, des pratiques dites « hétérodoxes ».

Une diversité de profils et de représentations du métier qui soulève une vraie réflexion : « Elle permet de pointer par exemple le risque d'une distance grandissante entre les différents groupes qui composent la profession, avec la possibilité d’une divergence croissante de leurs intérêts respectifs », notent les auteurs. Le groupe 3 concentre, à leurs yeux, « les enjeux les plus importants » du fait de « son rapport ambivalent entre la recherche et le management, la première étant souvent mise au service de la seconde ». Ce qui pourrait réduire la possibilité d’autonomie professionnelle que pourrait amener la recherche infirmière au profit d’une mise sous tutelle managériale.

Les dernières réactions

  • 07/02/2018 à 11:37
    blaise
    alerter
    Et elles ne payent pas pour travailler !

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