IDE et AS, leurs premiers pas de députés | Espace Infirmier
 

28/06/2017

IDE et AS, leurs premiers pas de députés

Huit infirmiers et une aide-soignante ont fait leur entrée au Palais Bourbon le 27 juin. Les professionnels de santé, élus députés dans leur circonscription, découvrent, pour la plupart, les hautes sphères de la politique nationale. Un monde bien éloigné de leur milieu professionnel.

577 députés ont fait leur rentrée au Palais Bourbon, le mardi 27 juin. Tous bords politiques confondus, ils siègeront dans l’Hémicycle pendant les cinq prochaines années. Parmi eux, près de 80 élus issus du monde de la santé : médecin généraliste, pharmacien, cadre de santé, infirmière, chirurgien dentiste, sage-femme…

Jean-Michel Jacques, Idel à Brandérion (Morbihan) : « Faire reconnaître les actes de coordination réalisés ‘en off’ »

Installé en cabinet libéral depuis 2013, Jean-Michel Jacques n’a « jamais voulu être associé. Statutairement, c’était plus simple ». Une manière aussi de garder sa liberté d’action sur la scène publique. « Devenu référent départemental d’En Marche !, j’ai arrêté mon activité en janvier. C’était un choix à faire, notamment financièrement, mais ça en valait la peine. »
Comme de nombreux députés LREM, ce père de famille de 49 ans vient de la « société civile ». « Notre exercice professionnel nous a donnés une certaine expertise, elle doit désormais être au service à tous. Pour ma part, ce sera au niveau de la formation des professions de santé, notamment concernant le glissement des tâches et des compétences. Il faut permettre ces glissements tout en sécurisant l’activité de chacun. » Il voudrait également faire reconnaître, par une tarification, les actes de coordination qui sont réalisés « en off ». Autre levier selon lui : revoir les prescriptions pour « limiter les pertes d’énergie et d’argent ».

Annie Chapelier, Iade au CHU de Nîmes (Gard) : « Les déserts médicaux, un problème crucial »

Comme ses confrères, l’infirmière anesthésiste a mis son activité en sommeil pour accomplir pleinement ses nouvelles fonctions. « J’ai posé tous mes congés et RTT pour faire campagne », déclare-t-elle dans un entretien à Madame Figaro.
Celle qui se revendique être une novice totale en politique, ne compte pas se limiter à son champ de compétences professionnelles. Infirmière depuis 1990 et récemment engagée auprès de Médecins sans frontières en Afrique, cette maman de 49 ans aime voyager et a réalisé l’équivalent de deux tours du monde. « Ces expériences m'ont confortée sur la beauté de notre monde mais aussi sur son intense fragilité », déclare-t-elle dans sa profession de foi.
Son vote a d’ailleurs longtemps été écolo, nourri par son histoire familiale. Fille d’ouvrier viticole à Moussac, la nature et sa préservation sont, pour elle, des enjeux majeurs des politiques à construire. Les domaines pour lesquels elle voudrait d’ailleurs s’engager sont l’emploi et la transition énergétique. Côté santé, elle compte aussi lutter contre les déserts médicaux. « C’est un problème crucial dans ma région », évoque-t-elle.

Caroline Fiat, AS, Meurthe-et-Moselle : « Tout le système de santé est à revoir »

C’est la première aide-soignante à entrer dans l’hémicycle. Aide-soignante de nuit, en vacation dans les Ehpad privés de la région, Caroline Fiat a arrêté son activité, en avril, pour mener campagne. Un engagement qui lui a demandé un effort financier, rendu possible par un complément de Pôle Emploi. Si son élection l’a « contrainte » à mettre en stand-by ses remplacements au pied-levé, elle « compte sur (ses) anciennes collègues pour (lui) remonter les évolutions et les problèmes… »
Élue dans le 6e circonscription de Meurthe-et-Moselle, elle fait partie des 17 députés de la France Insoumise et siège aux côtés de François Ruffin et Jean-Luc Mélenchon. Pas de quoi impressionner la maman de 4 enfants qui reconnaît néanmoins « un certain handicap de la connaissance de la vie politique ». « À force de changer de service, je sais vite trouver mes repères, ironise la députée. Et puis, les soignants ont cette capacité d’engager la conversation avec n’importe qui. À l’Assemblée, je me sens à ma place. » Et quand on la prévient que les séances parlementaires peuvent durer jusqu’à 2 heures du matin, l’AS de nuit sourit : « Je leur apprendrai l’art de la pause-café… »
La médiatisation soudaine de son parcours, parfois présenté comme un « exploit » agace dans les rangs insoumis : « C’est aberrant qu’en 2017, on célèbre ça. » Alors, de cette exposition, elle en a fait une vitrine pour un sujet qui la bouleverse : le suicide des soignants. À chaque interview donnée, elle le dénonce. En cause ? Le manque de moyens humains dans les services. Et lance : « À force de mal traiter les patients, on se maltraite soi-même .»
Elle compte d’ailleurs en faire sa priorité. Mais aussi, œuvrer pour que le redéploiement du personnel soit réfléchi et non pas comptable. « Les besoins ne sont pas les mêmes entre un service avec des patients valides et un autre où ils ont besoin d’aide pour la toilette et le repas. » Fidèle à la philosophie du mouvement de La France Insoumise, elle est pour un changement participatif : « Tout le système de santé est à revoir. Il faut aussi le faire avec les patients et leurs familles. Ils ont souvent de bonnes idées à nous donner. »
Si elle ne compte pas accorder sa confiance au gouvernement, Caroline Fiat n’est cependant pas contre un rapprochement avec ses confrères soignants, au-delà des familles politiques. Devant leur faible représentation (8 IDE et 1 AS sur 577 députés), la voix de la santé doit se faire entendre, « et ce serait d’ailleurs étonnant qu’on ne se retrouve pas dans nos revendications ».

Carole Tymen

Les dernières réactions

  • 30/06/2017 à 02:57
    Motarde de Dijon
    alerter
    Une Aide-Soignante et huit IDE à l'Assemblée Nationale, c'est peu sur 577 députés.
    Néanmoins, c'est mieux que sous les législatures précédentes. Ce n'est pas le nombre qui compte, mais les convictions que l'on porte.
    Représentants de la Nation, ils co

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