En réanimation, des soignants fatigués par les alarmes | Espace Infirmier
 

22/01/2015

En réanimation, des soignants fatigués par les alarmes

Une étude américaine, publiée sur la plateforme Public Librairy Of Science, s'intéresse à cette profusion de sons et d'alertes visuelles qui peut, paradoxalement, mettre en danger la vie des patients.

Un « bruit de fond ». C'est la façon dont les soignants des unités de soins intensifs finissent par percevoir les centaines d'alarmes qu'ils entendent chaque jour. Parmi les nombreux faux positifs, ils peuvent ne pas discerner une urgence vitale.

Ce phénomène, « la fatigue de l'alarme », est pris au sérieux outre-Atlantique depuis le décès très médiatisé d'un patient hospitalisé dans un prestigieux centre médical, en 2010. L'équipe avait déclaré ne pas avoir entendu les nombreuses alertes annonçant la survenue d'un arrêt cardiaque. Selon l'agence de sécurité sanitaire américaine, plusieurs décès sont également intervenus suite à la mise en silencieux, voire la désactivation, des alarmes par des soignants arrivés à saturation.

Fausses alertes

Durant un mois, les infirmières et ingénieurs du laboratoire « ECG monitoring » de l'Université de Californie ont enregistré toutes les alarmes qui se sont déclenchées à l'unité de soins intensifs du centre médical de l'université, à San Francisco. Au total, plus de 2,5 millions de signaux ont été comptabilisés dans cette unité de 77 lits, qui a accueilli 467 patients au cours de la période étudiée ; 381 560 étaient « audibles », soit, en moyenne, 187 par lit et par jour. Un environnement bruyant qui « interrompt le sommeil des patients et fait peur aux proches », notent les auteurs de l’étude.

88,8% des signaux d'arythmie analysés (12 671), étaient de fausses alertes. Pour réduire leur nombre, les chercheurs recommandent de configurer les alarmes en fonction de chaque patient.

Près de 800 000 alarmes techniques ont également été enregistrées. Bien qu’elles soient inaudibles, la nuisance est bien réelle : « elles alertent souvent l’infirmière sur un problème qu’elle ne sait pas résoudre, ce qui peut être angoissant », notent les auteurs. Pour réduire les défaillances, ces derniers suggèrent de remplacer les électrodes toutes les 24 heures.

Aveline Marques
©beerkoff/Fotolia

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