Quand l'infirmière attend le médecin | Espace Infirmier
 

22/08/2014

Quand l'infirmière attend le médecin

Sous l'impulsion de l'Anap, 11 établissements travaillent à une meilleure synchronisation des temps médicaux et non-médicaux. Enjeux : améliorer la qualité des soins et les conditions de travail.

Les anesthésistes en congés en juillet, les chirurgiens en août et les Ibode en septembre; une offre de consultation de pédiatrie réduite le mercredi par manque de personnel; six praticiens pour une secrétaire à mi-temps le vendredi de l'Ascension... « Toute ressemblance avec des situations existant réellement est purement non fortuite », ironise l'Anap (1), dans le guide méthodologique sur la synchronisation des temps médicaux et non-médicaux qu'elle vient de publier.

La démarche, initiée en 2012, a permis à 11 établissements lorrains et bretons de travailler sur « la simultanéité » et la « succession harmonieuse » des acteurs de soins. Cette problématique se pose particulièrement à l'hôpital, où la prise en charge du patient nécessite la collaboration « de plus d'une centaine de métiers différents », « aux profils statutaires différents et ne relevant pas des mêmes lignes hiérarchiques », note l'Anap.

« Un sentiment de dévalorisation »

La désynchronisation des équipes a des effets néfastes. D'abord sur le patient, qui attend « son soin, sa consultation, son passage au bloc, sa sortie ». Mais aussi sur les soignants, qui s'attendent les uns les autres. En résulte un « sentiment de dévolarisation » ou « de manque de solidarité », qui peut favoriser l'absentéisme et le turn-over. Sans parler des heures supplémentaires qui s'accumulent avec les retards et les interruptions. Le manque de coordination des temps au sein de l'équipe s'accompagne d'un « déficit de communication », souvent à l'origine d'événements indésirables graves. Enfin, ces dysfonctionnements engendrent « d'importantes pertes économiques » : le retard réduit la capacité de prise en charge d'un plateau technique et le recours aux heures supplémentaires ou à l’intérim est coûteux.

Pour l'Anap, les sites les plus concernés sont le bloc opératoire, « modèle type de l'exigence de la cohérence du temps, depuis le brancardier jusqu'au chirurgien, en passant par les Ibode et les Iade » ; le plateau d'imagerie, « goulot d'étranglement » à l'origine de l'allongement des délais de rendez-vous, ou encore les consultations externes. Les unités d'hospitalisation complète et leurs « visites médicales » sont également dans le viseur de l'agence, tout comme les conditions d'intervention des « métiers transversaux » (kiné, diététicien, assistant social, psychologue), « souvent imprécises ».

Les failles des plannings

Pour l'Anap, « l'insuffisance de moyens » humains n'explique pas tout. L'agence pointe les failles de du planning, qu'il soit journalier, hebdomadaire ou annuel : « des prises de service au moment où la charge de travail ne le justifie pas », « des fins de service au moment où la demande des patients reste forte », « des écarts de disponibilité selon les jours de la semaine (ex : le mercredi) ». « La visibilité sur l'organisation hebdomadaire des temps médicaux est encore trop rare », déplore l'agence.

S'agissant des vacances, l'Anap pointe l'alternance de périodes de sureffectif et de sous-effectif.
Plutôt que de recourir à l'interim, « qui comporte des inconvénients en termes de qualité et d'efficacité, de coût et de cohésion de l'équipe », le guide méthodologique vante les mérites d'une « réflexion anticipée et partagée des dates de congés ». Elle doit associer tous les membres de l'équipe - médicaux et non-médicaux -, répondre à des règles claires et équitables, établies par une charte de fonctionnement, être précoce et permettre des révisions pour motifs importants. Mieux vaut, dans la mesure du possible, « une réduction simultanée des effectifs médicaux et non-médicaux qui permet de réduire harmonieusement l'activité ».

L'expérimentation conduite par l'Anap est appelée à s'étendre dans d'autres établissements d'ici 2016 : l'agence a lancé un appel à candidatures cet été.

Aveline Marques

Photo: Fotolia


1- Anap : Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux.

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