Plaies et cicatrisation : « le rôle infirmier peut et doit s’affirmer »

Espaceinfirmier.fr : Vous venez de publier un ouvrage sur les plaies et cicatrisation; qu’est-ce qui vous a donné l’envie de réaliser ce travail ?

Sylvie Palmier et Michèle Garulo : En tant qu’infirmières expertes dans le domaine, notre mission nous conduit à exercer notre métier à la fois en tant que soignant et formateur. Par ce positionnement, nous sommes appelées sur des situations de patient de plus en plus complexes, et nous constatons que le soin de plaie préoccupe encore les infirmiers, quel que soit leur lieu d’exercice. Bien que les enseignements se sont multipliés ces dernières années, nous avons réalisé qu’il existait peu d’ouvrages récents à destination des IDE. Écrire un guide nous est apparu comme un défi à relever, et comme une nouvelle occasion de partager avec nos collègues.

Vous posez un postulat de départ qui est l’incontournable collaboration médecin/infirmier. Dans ce contexte, quels sont les enjeux actuels pour les infirmiers dans la prise en charge des plaies ?

Dans notre histoire, l’infirmier assure depuis très longtemps les soins de plaies. Ce qui est plus récent, c’est le fait que le législateur reconnaisse que les IDE possèdent toutes les compétences pour prendre les initiatives nécessaires dans ces soins de plaies. En outre, pour la première fois dans notre histoire, le droit de prescription d’une grande majorité des pansements nous a été accordé. La plaie représente donc une thématique où le rôle propre de l’infirmier et son rôle en tant que prescripteur peut et doit s’affirmer. Nous devons assurer la prévention des risques, une prise en charge optimale des patients lorsque la plaie apparaît, faciliter le travail du médecin, coordonner les différents acteurs. En d’autres termes, témoigner de la plus-value du savoir-faire infirmier.

Votre livre se veut résolument pratique, avec une répartition par pathologie et typologie des plaies. Comment avez-vous conçu ce guide ?

Notre fil rouge a été de proposer des outils pour optimiser le raisonnement clinique infirmier. Au-delà des données physiopathologiques des différentes plaies, de la liste des produits pansements avec les références et notifications LPPR (1), nous voulions proposer des repères consultables facilement par les infirmiers. Le professionnel doit raisonner à partir ce qu’il sait, de ce qu’il voit et à partir des réponses à toute une « checklist » de questions qu’il doit impérativement se poser. C’est en suivant cette trame que nous avons construit le livre, et plus précisément les tableaux synthèse du dernier chapitre qui, par analogie au sigle GPS (Global Positioning System), sont dénommés des « GPS plaies » qui montrent le chemin à suivre pour prendre position dans notre démarche infirmière.

Vous évoquez tout au long du livre la qualité de vie des patients. Quels sont les aspects psychologiques de la cicatrisation ?

Effectivement, nous avons voulu insister sur cette dimension parce qu’il est essentiel que toutes les équipes se fixent comme objectif l’optimisation du bien-être du patients en partant des besoins de la personne, du vécu de leur plaie. Les aspects psychologiques font l’objet de très peu de publications. Sans doute que la collaboration avec des psychologues pourrait offrir la possibilité de travaux à venir très intéressants. Mais il faut bien avouer que mesurer le sens que donne le patient à sa plaie, à sa cicatrisation dans son histoire n’est pas toujours aisé. Cependant, il est primordial de faire parler le patient porteur de plaie lorsque c’est possible et d’être à son écoute, afin de mieux cerner ses propres enjeux. Par ricochet, c’est par cette exploration que nous pourrons, à notre tour, donner du sens à nos actions de soignants.

Propos recueillis par Emmanuelle Lionnet

1- Liste des produits et prestations remboursables.

Plaies et cicatrisation : guide pratique pour les IDE, Michèle Garulo et Sylvie Palmier, Éditions Lamarre, 25 euros.